Le dernier indice prouvant qu'il était toujours en vie est son accord donné au Gspc pour sa nouvelle dénomination, «Organisation Al Qaîda du Maghreb islamique». Les partisans d'Oussama Ben Laden ont célébré le 10 mars dernier le 50e anniversaire de leur chef. A grands messages flagorneurs et glorificateurs, ils ont salué «celui qui mit Washington les genoux à terre».Celui que les Etats-Unis ont qualifié d'ennemi public n°1 de l'Occident, a pu certainement prendre connaissance des voeux et prières adressés par ses partisans par l'intermédiaire du Web. Né le 10 mars 1957 à Ryadh, il reste l'homme le plus médiatisé du monde depuis cinq ans, mais on ne sait pas si son état de santé lui permettait de déguster pleinement les panégyriques qui avaient envahi les sites islamistes toute la journée. Le dernier enregistrement dans lequel il apparaît date de fin 2004. Oussama Ben Laden s'est manifesté la dernière fois, le 27 décembre 2004, date à laquelle il avait désigné, dans un enregistrement sonore, l'islamiste jordanien Abou Mossab Al Zarkaoui, l'homme le plus recherché d'Irak, comme le «chef d'Al Qaîda en Mésopotamie». Les renseignements français avaient avancé l'idée que celui dont la tête est mise à prix pour 25 millions de dollars par les USA était mort, alors que le FBI, beaucoup plus méfiant le considérait encore en vie. Deux indices sont venus encore confirmer qu'il est toujours en vie, bien que diminué physiquement et peut-être même très malade. Le premier, et dans un communiqué du Gspc daté du 24 janvier 2007 et signé par «Abou Mossâb Abdelouadoud», il est précisé que «après le ralliement du Gspc à l'organisation d'Al Qaîda et après avoir prêté allégeance au lion de l'Islam, Oussama Ben Laden, que Dieu le garde, il était absolument nécessaire que le groupe change de nom pour montrer la véracité de la liaison des moudjahidine en Algérie avec leurs frères d'Al Qaîda (...) Mais nous avons dû consulter cheikh Oussama Ben Laden qui a transmis son ordre et son choix». Le second, plus récent, date de deux jours. Le porte-parole des talibans, le mollah Hayatullah, a confirmé à l'agence Reuters que OBL était «toujours en vie», qu'il en était «sûr à 100%» et que les «chefs de tribus sont en contact permanent avec lui». Il a aussi ajouté que «des unités de combat avaient prié pour lui, ce samedi, et demandé à Dieu de le faire vivre encore longtemps». La dernière «apparition» sur vidéo d'OBL date de fin 2004, et c'est son adjoint, le medecin égyptien, Ayman al-Zawahiri, qui a pris en main la stratégie de communication de l'organisation Al-Qaîda. Cependant, en début juillet 2006, on pouvait entendre un nouvel enregistrement, mais audio cette fois-ci, du chef d'Al Qaîda, Oussama Ben Laden, diffusé par la chaîne satellitaire qatarie Al Jazeera, s'en prenant encore aux Etats-Unis, et affirmant que son organisation «garde le droit de les frapper sur leur propre sol, quand elle le jugera opportun». Ce crochet «incontournable» pour OBL étant fait, c'était l'Irak qui a constitué la plus grande partie de son discours. OBL a dénoncé un «génocide» contre les sunnites en Irak, accusant des «bandes de traîtres haineux» d'être au gouvernement. Pour la première fois, il dénoncait le «génocide» dont sont victimes les sunnites d'Irak. L'accusation était une escalade sémantique extrêmement grave, puisqu'elle mettait à l'index les chiites au pouvoir: «Ceux qui ne sont pas armés dans le pays de la Mésopotamie sont soumis à un génocide entrepris par des bandes de traîtres haineux. Ces bandes déployées dans tous les postes clés de l'ancien gouvernement d'Al-Jaafari, sont encore présentes aujourd'hui dans le gouvernement d' Al-Maliki.» La suite, on la connaît...Turqui El Fayçal, ancien patron des services saoudiens, ancien ambassadeur de l'Arabie Saoudite à Washington et grand connaisseur d'OBL, pour l'avoir «géré» lorsqu'il était à la tête du renseignement, avait affirmé lorsque AAZ prenait les communications d'Al Qaîda en main et faisait de plus en plus des apparitions sur les vidéos de l'organisation que «tout converge pour dire qu'il y a une prise en main d'Al Qaîda par Ayman Al Zawahiri». Mais Aymane Al Zawahiri dit le contraire, que OBL était encore opérationnel et dirigeait la structure de façon ordinaire. L'administration Bush était arrivée à la conclusion que Ben Laden, son éminence grise Al Zawahiri et d'autres dirigeants d'Al Qaîda sont réfugiés quelque part dans les montagnes frontalières entre le Pakistan et l'Afghanistan, le Waziristân, mais des spéculations sont allées crescendo quant à la mort d'Oussama Ben Laden. Les seules sorties médiatiques d'Al Zawahiri ne font que nourrir la rumeur, puisque c'est toujours son lieutenant qui apporte le démenti et non pas lui. Le chef d'Al Qaîda serait-il blessé, comme l'avaient affirmé certaines sources. Les informations les plus sérieuses en circulation actuellement le donnent pour malade, diminué et ne pouvant plus faire les longs déplacements dans la terre pachtoune. Dans le conflit opposant Al Qaîda aux Etats-Unis et à leurs alliés, la guerre des communiqués fait partie de l'arsenal psychologique destiné à affaiblir l'ennemi. «Al Qaîda est toujours, Dieu soit loué, un pôle de la guerre sainte. Son prince, le cheikh Oussama Ben Laden, continue de diriger le djihad», déclarait récemment Al Zawahiri, avant d'ajouter: «J'apporte un message de joie à tous les musulmans et tous les moudjahidine: grâce à Dieu, Al Qaîda se répand, s'étend et se renforce.»