En attendant le verdict, qui devait tomber en fin d'après-midi de la journée d'hier, le procureur a requis vingt ans de réclusion pour un traducteur-interprète accusé de falsification de document officiel. Le mis en cause, G.Hakim en l'occurrence, est poursuivi pour avoir fait la traduction d'un jugement ayant servi dans la procédure d'obtention de la nationalité française pour Y.Youcef et Y.Kamel, actuellement en fuite. L'affaire remonte à 1999, lorsque ces derniers, originaires de la commune d'Aït Khellili, au sud-est de la wilaya de Tizi Ouzou, ont fait traduire un jugement de justice portant rectification du nom de leur arrière-grand-père. Or, selon l'arrêt de renvoi, la traduction n'est aucunement conforme au document original enregistré au tribunal d'Azzaga. Durant l'audience, l'accusé G.Hakim a rejeté, en bloc, le grief retenu contre lui, tout en insistant que le travail qu'il a effectué n'est autre que celui de transférer des données d'une langue à une autre. «Ils m'ont remis un document sain portant le cachet. C'est pour cela que j'ai fait la traduction», dira le traducteur qui a nié avoir perçu une somme de 12.000DA en contrepartie du travail fourni à Y.Kamel et Y.Youcef. «Je n'ai encaissé que 1000DA en bonne et due forme», a-t-il ajouté. Par ailleurs, appelé à la barre, un témoin, ex-fonctionnaire à la mairie d'Aït Khellili, dira: «Le document en question n'est pas parvenu aux services de l'état civil. On n'a pas reçu la notification du tribunal.» Un autre témoin ajoutera: «Boudjemaâ Aït Si Ahmed est l'arrière-grand-père de ma mère. J'ai entendu parler que Y. Youcef a utilisé son jugement pour obtenir la nationalité française. C'est à partir de là que j'ai cherché ce document. On m'a ainsi conseillé de faire une demande écrite au parquet d'Azazga qui m'a signifié que le document que je cherche est falsifié.» Toujours dans le chapitre des témoignages, un agent d'administration à la municipalité d'Aït Khellili a fait remarquer que des membres d'une grande famille dans la région, ont bénéficié, à travers le même document, de la nationalité française, aussi bien avant qu'après Y.Youcef. Par ailleurs, durant les plaidoiries, les avocats de la défense ont estimé que leur client est «victime d'un faux», car, selon eux, il n'avait aucune intention de falsifier.