Les «recettes» sont diverses et les enjeux aussi. A chacun ses références idéologiques. C'est pratiquement devenu un réflexe chez les partis politiques. A l'approche de chaque échéance électorale, les états-majors se mobilisent, chacun à sa façon, pour être dans les bonnes grâces de la gente féminine. On rappelle son rôle durant la guerre de Libération, dans l'édification du pays et même dans la préservation des fondements de la République, au moment où des hommes fuyaient le terrorisme à la recherche de cieux plus cléments. Les «recettes» sont diverses et les enjeux aussi. A chacun ses références idéologiques. C'est le cas du Mouvement de la société pour la paix qui veut fêter, à sa manière, la Journée mondiale de la femme. D'autant que cette année, le 8 mars, n'est pas très loin d'un important rendez-vous électoral sur lequel la formation dirigée par Boudjerra Soltani fonde un grand espoir. Le week-end dernier, mais aussi aujourd'hui, le bureau local du MSP de Constantine a programmé plus de cinq manifestations sous le thème «Hidjab 2007». Exploitant à fond la question, devenue épineuse à cause de sa «réputation» politicienne, le MSP vient de mobiliser l'ensemble de ses sections féminines contantinoises afin d'aller à la «chasse» d'un maximum de jeunes filles. Faisant preuve d'un «entrisme» tous azimuts, le MSP tente d'islamiser la fête internationale de la femme, non sans arrière-pensées électorales. A Constantine, El Khroub, et à Hamma Bouziane, à la nouvelle ville Ali Mendjli, le parti islamiste a organisé des cérémonies à l'occasion, dit-on au MSP, du «port du hidjab», pour la première fois, des dizaines de jeunes filles. Les organisateurs ont même offert des cadeaux aux participantes. Pour le MSP, décidément, tous les moyens sont bons, même au risque de s'immiscer dans des questions d'ordre personnel. A la ville des Ponts, de nombreuses associations locales à caractère caritatif évoluent dans le sillage immédiat du MSP. Ce dernier, qui a pris la mesure de l'électorat féminin semble n'accorder qu'un «petit» intérêt à l'égard de la frange masculine accusée, à tort ou à raison, d'apolitisme flagrant. Au MSP, la «chasse» aux voix féminines a commencé. Il convient de rappeler que le président du MSP a annoncé, lundi dernier, à Boumerdès, la création par son parti d'un prix annuel pour «la meilleure femme dans la gestion du foyer», afin de l'encourager à la préservation de sa famille, notamment au vu du nombre alarmant des divorces, estimé, selon lui, à plus de 35.000 cas durant l'année 2006. Au FLN, c'est plutôt la fibre patriotique qui est à chaque fois évoquée pour séduire les femmes. Le facteur féminin paraît être une carte importante sur laquelle mise le FLN dans sa stratégie électorale. Ainsi et pour réduire le taux d'abstention qui reste assez important, le secrétaire général du FLN a invité les militantes à contribuer à la sensibilisation des femmes pour élargir leur participation aux élections. «La femme a joué un grand rôle durant la guerre de Libération et doit s'impliquer davantage dans la vie politique», précise-t-il. Du côté du Parti des travailleurs, c'est l'image de la secrétaire générale du parti qui est mise à profit pour attirer la sympathie de l'électorat féminin. En effet, en s'appuyant sur une des résolutions qui fait de la participation de la femme, un des axes prioritaires de la stratégie élaborée par le PT en vue de ces élections législatives, cette formation compte mettre le paquet. L'organisation aujourd'hui d'un meeting de soutien aux femmes palestiniennes vise surtout à conférer la dimension internationale au combat des femmes. Ce sera donc sur plus de la moitié de l'électorat que la secrétaire générale du Parti des travailleurs compte prendre appui pour se lancer à l'assaut du Palais Zighoud-Youcef. Il est clair que la femme algérienne, qui, à juste titre, a pu en un temps record se frayer une place dans une société d'hommes, a encore beaucoup de chemin à faire et de droits à arracher. Même si, à quelques encablures des élections législatives, on peut aisément deviner, comme à chaque fois, que les têtes de listes de candidatures seront exclusivement masculines. Elles seront certes nombreuses à se présenter, mais elles seront aussi autant à y laisser des plumes. Il est donc plus question de changer les mentalités que de réformer les lois. Un travail de fond s'impose aussi bien à l'école qu'au sein de la famille, en inculquant aux enfants la tolérance et le respect envers la femme qui pourrait être autant, la mère, l'épouse, la soeur que la collègue de travail.