Le Cabaret sauvage de Paris a abrité un concert de chants animé par des artistes à la mémoire d'«artistes militants». La somptueuse salle de spectacles «le Cabaret sauvage» de Paris - offerte gracieusement par le propriétaire pour cette occasion - se souviendra longtemps du gala organisé en cet après-midi du 04 mars 2007, à l'initiative de la chaîne de télévision Berbère TV, qui a voulu ce jour-là, rendre hommage à deux «militants de la cause berbère» et, à travers eux, à tous les autres artistes qui ont, d'une manière ou d'une autre, contribué à la protection et à la sauvegarde de la culture berbère en général et de la langue berbère en particulier. Ce fut donc l'occasion de rendre hommage à la mémoire de Mohamed Haroun, décédé depuis quelque temps, après une longue maladie et dont l'âme planait sur les lieux et Smaïl Medjber, présent dans la salle, accablé par de douloureux souvenirs qu'il narrait en ouverture avec une voix enrouée par l'émotion, avec la mine triste que le passé accable toujours, mais cependant très fier du parcours martyr et du résultat obtenu... Kamel, le représentant de BRTV et animateur du gala, adresse d'abord des remerciements au public venu en force participer à un hommage qui s'est voulu une fête...Relatant des faits mémorables, se remémorant un passé amer, se souvenant d'évènements douloureux, racontant des situations de crise, de conflits, d'opposition et de rejet qui ont fait que les choses en soient venues parfois à une violence non voulue mais obligée, devenue seule manière de se faire entendre, les autres moyens étant épuisés, l'animateur explique les raisons d'une telle initiative qui était une manière de remercier les défenseurs de la cause berbère qui voit aujourd'hui le fruit de leur sacrifice. C'est donc par un travail de mémoire pour les jeunes générations, à travers l'aide qu'on peut apporter aux familles touchées et grâce à la collaboration de tous, qu'on arrive à accomplir quelque part une petite parcelle des efforts fournis et des pas accomplis par de nombreux intellectuels, artistes et hommes de lettres, à l'image de Mouloud Mameri, Kateb Yacine ou encore Matoub Lounès, pour la quête d'une identité, la sauvegarde d'un patrimoine et la protection d'une langue. La moitié de la recette de ce gala devait donc aller aux familles de Mohamed Haroun et Smaïl Medjber. Une dizaine d'artistes bénévoles était là pour animer un rendez-vous fait tantôt d'émotion et de joie, tantôt de pleurs et de rires, parsemé de youyous de femmes aux couleurs éclatantes, aux lueurs chatoyantes, qui s'en donnaient à coeur joie dans une ambiance des plus chaudes. Grands et petits, enfants et adolescents se défoulaient sur la piste au son d'une musique torride et rythmée. Tour à tour, Kamel Bouyacoub, Ahcène Adjroud, Moh Amichi, Rachid Allioui, Madjid Soula, Farid Gaya et bien d'autres se sont exprimés, chacun à sa manière et, tous sous l'effet de l'émotion et l'image des souvenirs, en témoignant par leur voix et la manière de jouer de leurs instruments, d'une sensibilité d'artistes qui ne cherchaient qu'à se retrouver, s'exprimer et s'épanouir, loin de toute situation conflictuelle. C'était aussi une manière de prouver qu'on pouvait éviter d'être violent, en jouant juste un morceau de violon...