Ce chiffre est loin de refléter la réalité, dans la mesure où il ne prend en compte ni les patients non répertoriés ni ceux qui sont pris en charge par le privé. S'est-on jamais demandé où allaient tous nos déchets hospitaliers, où atterrissent-ils et comment finissent-ils? A la poubelle évidemment, aux ordures ensuite, et enfin à la décharge si tant est qu'elle existe. Or, c'est là précisément que le problème se complique pour devenir carrément un problème de santé publique. Parce qu'il ne s'agit pas, dans ce cas d'espèce, de jeter des vieilles chemises, des brosses à balai usagées ou tout autre article qui a fait son temps et dont on veut se débarrasser, mais des produits sensibles, hautement toxiques et, bien sûr, hautement dangereux. Prenons les dialysés de l'Oranie par exemple. Chaque patient est traité trois fois par semaine par ses médecins. A chaque opération, un kit comprenant une seringue vide et autres flacons ayant servi au malade, est abandonné puis récupéré. Il pèse 1kg déjà. Le même patient génère donc, en fin de semaine, 3 kg de surplus et partant 156kg par an. On estime que le nombre de dialysés à travers les treize wilayas de l'Oranie dépasse très largement les 3000, uniquement au niveau des hôpitaux. Cela nous donne très exactement le tonnage faramineux de 468.000kg de déchets annuels produits par le traitement des dialysés, ce qui est, vous en convenez, énorme! Il faut, cependant, souligner que ce chiffre est loin de refléter la réalité, dans la mesure où il ne prend en compte ni les patients non répertoriés, ni ceux qui sont pris en charge par le secteur privé. 500 tonnes seraient, à notre sens, plus près de la vérité. Et n'allez surtout pas croire que tout ce fatras est incinéré conformément à la législation universelle en matière d'hygiène hospitalière. Erreur! A notre connaissance, deux incinérateurs opèrent au CHU d'Oran, l'un d'une capacité de 100kg/heure et l'autre de 50kg. Et pendant quatre heures seulement. En fait, ici ou ailleurs, les kits sont tout simplement jetés aux orties avec ce que cela suppose comme maladies pour les riverains, l'hépatite A, B et C, entre autres. Un dépistage épidémiologique de ces riverains donnerait certainement froid au dos quand on pense aux centaines, sinon aux milliers d'adolescents qui tripatouillent tous les jours les décharges à la recherche de quelque objet en cuivre ou en bronze à récupérer. Le problème est d'autant plus grave et donc urgent à résoudre que nos décharges publiques sont devenues, au fil du temps et du laxisme, des dépotoirs à ciel ouvert, très peu contrôlés et où chacun déverse son poison à sa guise. Il y a les déchets des entreprises pharmaceutiques et leurs médicaments périmés -peut-être pas toutes-, il y a les déchets des différents blocs opératoires (100 blocs pour la seule ville d'Oran et le seul hôpital central) qui prennent naturellement le même chemin, celui de la même et sempiternelle décharge. Autrement dit, les 500 tonnes de déchets mentionnés un peu plus haut sont eux-mêmes en deçà de la triste réalité du terrain, et probablement à multiplier par deux, voire par trois. Là encore, la réglementation pèche par omission et sans doute aussi par myopie.