Le refus par l'Iran de libérer les 15 marins britanniques propulse le prix du baril vers de nouveaux sommets. La république islamique d'Iran tient tête aux puissances occidentales. Un conflit armé en perspective? Si oui, quelles en seront les conséquences? Dès 10h45 GMT, hier matin, le baril affichait 68,88 dollars à Londres tandis qu'à New York, le baril de Light sweet crude cotait 66,10 dollars. Le marché est extrêmement nerveux et très imprévisible. L'Iran refuse toujours de libérer Faye Turner l'unique femme faisant partie de l'équipe des quinze marins britanniques toujours prisonniers depuis le 23 mars après avoir violé les eaux territoriales iraniennes selon Téhéran. Ce qu'à reconnu un des marins dans une interview diffusée par la télévision iranienne. Une initiative qualifiée de scandaleuse par Londres. La guerre des communiqués a commencé. Les médias s'en mêlent. Cela rappelle étrangement les prémices de l'invasion de l'Irak par l'armée américaine. Ultimatums, interview contrôlée des prisonniers relayée par la télévision. Les regards sont à nouveau braqués sur une région du monde qui risque de s'embraser à la moindre étincelle. La diplomatie doit faire preuve de beaucoup de doigté. Avancer à petits pas sur un terrain miné. Un conflit armé? Personne n'en veut mais les intentions belliqueuses sont bien là. Chacun campe sur ses positions. C'est l'escalade. Le marché pétrolier est en effervescence, dès jeudi le baril de Brent de la,mer du Nord gagnait 1,82 dollar affichant 67,60 dollars sur l'échéance de mai. Alors que le baril de Light sweet crude clôturait à 65,67 dollars réalisant un gain de 1,59 dollar. Les spéculations vont bon train. «Je ne serais pas surpris de voir les cours bondir à 70 dollars, voire plus», a pronostiqué l'économiste, Simon Hayley, de Capital Economies. «La poussée des prix serait prématurée, les opérateurs exagèrent le facteur de risque géopolitique», déclare, quant à lui, Christopher Bellew de la maison de courtage, Bache Financial. Le Conseil de sécurité de l'ONU se dit très préoccupé par cette affaire et appelle à une résolution imminente du bras de fer qui oppose l'Iran au Royaume-Uni. La condition? La libération des quinze marins britanniques retenus par Téhéran. Une des raisons qui propulsent le prix de l'or noir vers de nouveaux sommets. Seulement voilà, chacun des protagonistes y va de sa propre exigence. Selon un membre de l'état-major des forces armées iraniennes, Téhéran désire, en plus d'excuses, un engagement de la part des autorités britanniques de ne plus violer ses eaux territoriales. De son côté, la capitale britannique, qui a déclaré ne pas souhaiter de confrontation avec l'Iran, veut obtenir du Conseil de sécurité de l'ONU une déclaration qui appuierait sa demande de libération sans conditions de ses marins. Le statu quo? L'escalade? Le spectre de la guerre des Malouines? Le détroit d'Ormuz en sera-t-il le théâtre? Le marché de l'or noir est très sensible aux bruits de bottes. «La moindre nouvelle ou rumeur qui suggère que la situation se dégrade entre l'Iran et l'Occident a un effet haussier sur les cours», prévient Tony Machacek de la maison de courtage, Bache Financial. Un autre événement, et non des moindres, est venu chahuter le marché pétrolier: la grève des agents CGT (Confédération générale du travail) du port autonome de Marseille. L'Union française des industries pétrolières a déclaré que si cette grève, qui dure déjà depuis trois semaines, se poursuit, cela devrait provoquer la fermeture des raffineries françaises. Considéré comme le second port européen pour les hydrocarbures, le port autonome de Marseille, si la grève se prolongeait, occasionnerait une sérieuse baisse des importations des Etats-Unis, dont les stocks sont en baisse ainsi qu'une nette décroissance de l'offre, en Europe. Une dizaine de jours suffirait à installer la pénurie si les raffineries se mettaient à l'arrêt. Des conditions idéales pour que les prix du pétrole explosent.