L'arrestation de quinze marins britanniques par des navires iraniens rend «fiévreux» le marché pétrolier. La tension née de la capture de quinze marins britanniques par des navires iraniens a provoqué un regain très sensible d'inquiétudes géopolitiques qui risquent de se transformer en crise explosive et durable, dont les conséquences demeurent imprévisibles. Les cours du prix de l'or noir ont instantanément réagi et ont été propulsés vers de nouveaux sommets. Le baril de Brent de la mer du Nord, après un pic à 63,50 dollars (vendredi 23 mars), a clôturé finalement à 63,22 dollars, gagnant ainsi 71 cents sur l'échéance de mai. Les cours étaient pourtant en baisse avant l'annonce par le ministre de la Défense britannique de l'arraisonnement d'un navire marchand par des navires iraniens qui s'est soldé par l'arrestation de quinze marins de la Couronne britannique, engagés dans une opération d'inspection et dans les eaux territoriales irakiennes, selon le communiqué du département britannique à la Défense. John Kilduff, analyste à la maison de courtage Fimat, a promptement réagi: «Cet incident militaire est très sérieux pour le marché», a-t-il déclaré. «Ce type d'incident est exactement le genre de choses qui alimentent les craintes d'une conflagration mondiale autour du pétrole», a souligné M.Kilduff, qui a, aussi, ajouté, sans doute plus prudent: «Il est trop tôt pour juger de la gravité de l'incident, mais il est potentiellement explosif.» Le baril de Light sweet crude pour livraison en mai a, quant à lui, affiché 62,28 dollars à la clôture, après un pic à 62,65 dollars, le record de l'année 2007. Depuis une semaine, les cours ont connu une progression de 9%, soit un peu plus de 5 dollars sur le marché américain. L'Iran, qui est le quatrième producteur mondial de pétrole, vient certainement de surenchérir dans la crise de son programme de développement nucléaire par cette action pour le moins inattendue et spectaculaire. Faisant cavalier seul et la sourde oreille aux injonctions ainsi qu'aux menaces à peine voilées américaines, mais aussi des principales puissances occidentales, dont la Grande-Bretagne, l'Iran risque de provoquer un conflit majeur, certes redouté par tous, mais qui pourrait être une aubaine pour l'administration Bush, pourtant déjà bien mise à mal par le bourbier irakien, d'ouvrir un nouveau front militaire dans la région. Les sanctions prises à l'encontre de Téhéran ne semblent pas tempérer les ardeurs des mollahs et de leur bouillant président, Ahmadinejad, à renoncer à ce qu'ils considèrent comme étant un programme pacifique et légitime, tout en écartant toute idée de se doter de l'arme nucléaire. De toutes les façons, ce rebondissement qui intervient alors qu'un projet de résolution durcissant les sanctions contre l'Iran a été soumis, hier, au vote du Conseil de sécurité de l'ONU, n'est pas fait pour rassurer le marché de l'or noir. Déjà que le déclin des stocks d'essence américains, qui s'est enclenché depuis maintenant six semaines, soit une baisse spectaculaire d'environ 15 millions de barils, a anticipé une forte demande de carburant, cet été, en vue des grands déplacements en automobile qui marquent le pic annuel de la consommation d'essence, ce qui ne peut augurer que d'une stabilité des prix du baril de pétrole, à moins que l'ombre des velléités militaires ne décide de son envolée.