Ces chiffres inédits et tant d'autres communiqués par, les différents responsables ayant étudié ce phénomène, dispensent de tout commentaire et mettent à nu le drame que vivent les enfants en Algérie. En effet, 5076 enfants sont victimes d'une maltraitance, dont 3281 garçons et 1786 filles. Qui se procure le droit d'exercer une autorité représentée par des violences physiques, psychologiques, sexuelles ou simplement une négligence sur l'enfant? Il s'agit d'«une irresponsabilité sociale» a précisé le Dr M.Benradouane, ex-ministre des Affaires religieuses lors des travaux d'une journée d'étude, ayant pour thème «la maltraitance», tenue au Cerist à Ben Aknoun. Habituée à recevoir ces enfants souffrants, Mme. Messaoudène de la Dgsn, a précisé que 2992 victimes, dont 2289 garçons, ont subi des violences physiques (coups et blessures volontaires) et 1774 autres ont été la proie d'abus sexuels avec une prévalence féminine. Elles sont 797 filles dépourvues de leur virginité, pour ne pas dire dignité, et dans la plupart des cas rejetées par leurs familles. Afin de justifier le défaut de prise en charge au milieu institutionnel, Mme Messaoudène a précisé que «les filles victimes sont placées dans des centres au même titre que les délinquantes. Quelques jours suivant leur admission, elles s'enfuient et les milieux de la prostitution leur tendent les bras.» a précisé la commissaire. Avant d'ajouter que 108 cas d'enlèvements et 18 homicides volontaires ont été enregistrés par leur service. Le phénomène prend de l'ampleur, les enfants souffrent en silence. Plus explicite, la responsable de la Sûreté nationale a affirmé que 1857 enfants, dont l'âge oscille entre 16 et 18 ans, sont victimes de cette violence. Ces chiffres, comme l'ont précisé les conférenciers, ne reflètent aucunement la réalité, car plus dramatique. S'agissant des causes majeures ayant mené à cette situation, l'on enregistre la tragédie nationale; apocalyptique était pour les Algériens. Mlle Boukaoula, psychologue à la Gendarmerie nationale, a précisé, pour sa part, que la prostitution, en général, et les cas d'inceste, en particulier, montent crescendo en montrant combien cette violence devient multiple. 3041 cas de coups et blessures volontaires sur enfants impubères, ont été enregistrés durant l'année 2006 par la Gendarmerie nationale. Abordant l'aspect juridique du phénomène, le Dr Zbaïhi pense que la législation ne protège pas d'une manière ferme l'enfant, exposé à tout genre de maltraitance. «Les ordonnances72/3 et 75/5 adoptées respectivement les 10/02/1972 et 26/09/1975 sont destinées uniquement pour la délinquance juvénile.» a-t-elle précisé. Plus grave encore, 15% des enfants victimes de sévices représentent l'ensemble des consultations médicales, a poursuivi le Pr Merrah du CHU de Béni Messous. Par ailleurs, le Pr Lahrèche, de l'université d'Alger, estime que la torture psychologique de cette frange fébrile, qualifiée (par leurs parents) de tous les noms d'animaux et en ignorant leur présence dans d'autres cas, est plus dangereuse que la punition physique. Son enquête, se basant sur un échantillon dépassant 350 étudiants, a fait ressortir que 100% des étudiants ayant subi les affres de cet «isolement volontaire» ont eu des problèmes durant leur cursus estudiantin. La famille, berceau d'amour et d'affection pour l'enfant, peut-elle, également, être pour eux violence, souffrance et négligence?