Véritable coup de théâtre lundi en fin d'après-midi au tribunal criminel de Constantine. En effet, une vingtaine d'avocats représentant la défense de six présumés accusés impliqués dans le détournement de 8 milliards 860 millions de centimes se sont retirés pendant le procès pour, disent-ils, «un vice de forme aggravé et une faute professionnelle» scandaleuse laquelle a été imputée au procureur général. Ce dernier, et selon l'un des accusés, «un marabout» de la région de Chelghoum Laïd, il l'aurait entendu puis relâché alors qu'il était sous le coup d'un mandat d'arrêt. Les avocats accusent, en la circonstance, l'absence d'impartialité. Le retrait des avocats a contraint le tribunal criminel à reporter l'affaire à la fin de la session. L'accusé principal, le receveur de l'agence postale était en fuite en 2001 sous le coup d'un mandat d'arrêt lequel n'a pas été exécuté et dit avoir été entendu par le procureur général sans que ce dernier ne prenne la décision de l'incarcérer. Cette affaire a été jugée par la défense comme une «faute professionnelle grave» ayant détourné l'instruction de son cours normal. Il va sans dire que la justice s'en sort éclaboussée et scandalisée. Une enquête du ministère de la Justice doit être impérativement menée. Selon des sources judiciaires très au fait du dossier qui reconnaissent la gravité de l'acte, «c'est un acte gravissime et sans précédent dans l'histoire de la justice algérienne. En un mot, c'est un scandale unique en son genre...», ont déclaré nos sources. Pour rappel, l'affaire remonte à 2002, lorsque le receveur et son adjoint qui avaient tout nié lors de l'audience, ont puisé par tranches la somme citée plus haut. Un minutieux contrôle de l'administration avait décelé le détournement, lequel sera confirmé par une expertise. Le préjudice causé à l'administration des PTT, à l'époque a eu l'effet d'une «bombe» dans la région. L'enquête déterminera l'implication de six personnes. Une vingtaine de témoins devait défiler en ce lundi à la barre pour éclairer l'assistance judiciaire sur les tenants et les aboutissants de cette affaire dont les accusés sont poursuivis en application de l'article 119 du code pénal qui prévoit de lourdes peines à l'encontre des mis en cause. Selon toujours nos sources judiciaires, la justice devrait également appliquer l'article 181 pour faute professionnelle, lequel stipule «...Est puni d'un emprisonnement d'un à cinq ans et d'une amende de 1000 à 10.000DA ou de l'une de ces deux peines seulement, quiconque ayant connaissance d'un crime déjà tenté ou consommé, n'a pas aussitôt averti les autorités».