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Voyage dans l'Algérie des contrastes
VIREE À L'EST DU PAYS
Publié dans L'Expression le 29 - 03 - 2007

De Constantine, la ville des Ponts, à Annaba en passant par Guelma et Skikda.
A l'Est, les choses bougent en cette période électorale. Les partis et autres potentiels candidats semblent être au four et au moulin et l'atmosphère commence à s'échauffer quelque peu. Constantine, la ville aux ponts suspendus, Annaba la Coquette ou Guelma la Charmeuse et Skikda, la ville des Fraises, semblent en attente d'un round important. Mais aller à l'Est est une véritable aventure. Une aventure qui commence déjà à l'aéroport d'Alger. Les avions d'Air Algérie accusent à chaque vol des retards considérables et désormais légendaires.
Arrivés vers les 20h à Constantine, on est surpris par le fait que la ville soit fermée. Rares et même très rares sont les commerces qui sont restés ouverts. On a été prévenus de ce que la ville soit une couche-tôt, mais tout de même, 20h! Une consoeur explique que le wali a réuni justement les commerçants pour les inviter à choisir un autre horaire de fermeture et, si possible, à rester ouvert tard la nuit, sans qu'il ne soit obligé de procéder par décret. Fort heureusement, les supporters du CSC, qui préparaient le derby avec les gens du MOC, animaient un peu les rues de la cité. Le lendemain, conduits par notre consoeur, on a fait un petit tour en ville. Le quartier, anciennement connu comme le quartier Saint-Jean, est animé. Toute une population, celle des wilayas environnantes se déverse en ville. Devant ce raz-de-marée humain, on a l'impression d'étouffer. Les rues semblent assez propres et la ville s'essaie à tenir un certain standing. Au niveau de la place de la Brèche, on ferme les yeux et on croit percevoir la cavalcade des armées numides. Massinissa et sa cavalerie rentrant de quelque opération. La capitale culturelle de l'Est semble enfiévrée avec l'approche des élections, mais la retenue et la correction sont de rigueur. Ce n'est pas à Constantine que l'on peut assister au déballage sur la voie publique des affaires de la cité. L'atmosphère partisane est difficilement décelable, car les gens se confient difficilement à l'étranger. On a su, cependant, que les partis activent en catimini pour le moment, et de ce foisonnement d'activités menées en sourdine, le FLN apparaît comme le grand favori. L'ex-parti unique est suivi du RND et des islamistes qui se divisent entre El Islah, en ses deux ailes, et le MSP. Ce dernier parti est surtout visible lors des événements. Comme un peu partout, c'est le chômage, touchant particulièrement la frange juvénile qui est à relever. Le commerce informel essaie de parer au plus pressé en employant quelques jeunes. Fort heureusement, le bâtiment vient un peu comme une soupape de sécurité. La Nouvelle ville en pleine construction donne quelque répit en employant des jeunes qui veulent bien du bâtiment. A Constantine, heureusement, les petites bourses peuvent survivre, le coût de la vie est le moins cher des villes alentour. Contrairement à ce que l'on pourrait croire en cette ville de culture, la criminalité est, dit-on, en pleine «croissance», la consommation de drogue est en expansion, notamment chez les jeunes consommateurs de psychotropes ou encore de kif. La zetla fait fureur chez certains jeunes gens. Cela est expliqué par les chiffres du chômage. Ainsi, à Constantine, on murmure un taux oscillant entre 30 et 35%, il est vrai qu'auparavant, il était de 40%. A Constantine, le commerce va et va bien. De Dubaï ou de Taiwan et d'ailleurs, le tissu et les vêtements, souvent de qualité douteuse, mais proposés à des prix défiant toute concurrence, envahissent les marchés. Par ailleurs, des commerçants chinois commencent à s'installer en cette région, et, selon des citoyens, ce sont de formidables commerçants. Devant cette morosité des affaires, un club est né. Ce club, formé par les nantis de la région, envisage de secouer le cocotier et de faire démarrer ou redémarrer l'investissement. Des projets sont, d'ailleurs, en cours de maturation, tant dans le domaine de la cosmétique que dans celui du matériel médical. Ce qui titille la curiosité, c'est l'influence de l'université islamique. On pense retrouver une copie des medersas radicales, mais il n'en est rien. Les étudiants, notamment ceux des pays musulmans d'Afrique subsaharienne, sont comme des poissons dans l'eau et vivent en toute fraternité avec leurs camarades algériens. Récemment, un étudiant de cette université a été, dit-on, arrêté par les services de sécurité. Cet étudiant, originaire de Bordj Bou Arréridj, jouait le rôle de recruteur de jeunes pour les envoyer avec les djihadistes en Irak. Etouffante quelque peu, certes, mais accueillante et digne, tout comme d'ailleurs elle est un havre de culture et de traditions. Constantine sait si bien retenir le visiteur que c'est avec un petit pincement au coeur que l'on quitte la ville des ponts suspendus.
Annaba, la Coquette
Annaba, charmante et charmeuse, accueille son visiteur en étalant ses fastes. Le Cours de la Révolution grouille de monde, ses terrasses de cafés sont bondées et les rues adjacentes, commerçantes à souhait, offrent l'image d'une ville prospère. Lors de notre présence, on a remarqué un groupe d'Européens, sans doute d'anciens pieds-noirs originaires de Bône et qui, appareils photo en bandoulière, immortalisaient leur passage dans la ville qui, sans doute, fut la leur, à un moment de l'histoire. La ville est, certes, belle et assez propre et en sus, c'est le charmant accueil des Annabis qui est à souligner. Comme un peu partout en Algérie, le regard est d'abord attiré par cette multitude de jeunes gens qui, apparemment, sont des chômeurs. Approchés, certains diront «être là en attendant une éventuelle opportunité». Mis en confiance, les jeunes, notamment Saâd de Souk-Ahras affirment que «le must de ce qui pourrait lui arriver est de pouvoir décrocher un job afin d'économiser et pouvoir acheter un GPS, et ainsi pouvoir avec un groupe d'amis s'associer et essayer la traversée vers la Sardaigne». Questionné à propos de ce qu'il espère trouver là-bas, Saâd dira: «Je sais une chose, c'est que je vais sans doute galérer une, deux années, ensuite ce sera bien. J'aurai Incha Allah des papiers quitte à les acheter et ce sera ensuite un travail, un logement et une voiture. Tenez, moi je rêve d'une voiture pareille», conclut-il, en désignant un beau coupé qui passait par là. D'autres affirment travailler au noir chez le privé car, selon eux, «il ne faut pas rêver trouver une place dans les sociétés nationales sans des interventions». Selon notre consoeur du bureau d'Annaba, le taux de chômage est des plus importants. Même si l'agriculture et le bâtiment arrivent toujours à employer quelques jeunes bras, les choses restent insuffisantes. Les jeunes gens, une minorité, sont pris par le rêve des départs. Harraga depuis Skikda, El Kala et aussi les plages d'Annaba, l'on s'associe on s'achète une embarcation assez solide, on se munit d'un GPS et on fait provision d'eau et aussi de carburant, ensuite, il faut juste attendre le moment propice et, vogue la galère!Récemment, on a fait part de l'arrestation de 320 harraga à Lampedusa en Italie, il semble que la majorité d'entre eux sont des Algériens, et à Annaba on affirme que les gardes-côtes on renforcé la surveillance afin justement d'éviter à ces papillons attirés par les ors de l'Occident une issue tragique en mer. A Annaba,comme partout ailleurs en ce moment, c'est la précampagne électorale. Les Annabis regardent avec un certain amusement les uns et les autres affûter leurs armes. El Islah, le FLN et le RND sont les partis les plus visibles avec quelque peu le MSP; le parti de Boudjerra n'est pas réellement en mesure de créer la surprise, la bataille, si bataille il y a, sera entre le RND et le FLN, sinon ce sont les indépendants qui attendent, dit-on, que les choses se définissent un peu plus. Tout le monde évoque le RND qui jouit du soutien du président de l'USM Annaba et surtout de ses supporters et aussi des troupes se reconnaissant dans l'Ugta. Si les choses restent en l'état, le RND a beaucoup de chances de l'emporter disent les uns alors que d'autres font la moue. Mais ce qui titille un peu les jeunes et les autres en ce moment, c'est la fermeture des ex-Galeries et de quelques autres grandes surfaces auparavant cédées à de jeunes trabendistes. Depuis, les commerçants installés en ces lieux, attendent que l'on veuille bien leur offrir une solution de rechange. Annaba est la ville des affaires par excellence, les fortunes se montent très vite. Mais là où le bât blesse et les Annabis vous le disent en un mot comme en mille: c'est la criminalité.
En cette grande ville de l'Est, les dérapages et autres sombres affaires liées à la corruption semblent, selon nos sources, être légion. On murmure bien des choses que l'on tait car aucune preuve n'est avancée, mais les «accusations» sont soutenues par une dialectique imparable. Rien que pour la partie logements, des choses sont murmurées et des choses assez difficiles à imaginer, mais c'est ainsi. II semble que le problème du logement ne sera jamais résolu en cette ville car des gens et non des moindres, freinent des quatre fers. Notre consoeur évoque avec beaucoup de peine «ces bidonvilles en plein centre-ville» de fait, au niveau de l'autoroute, vers le lieudit Sidi Harb, la vue est agressée par ces «favelas». A souligner que, contrairement aux autres universités du pays, celle d'Annaba, l'université Badji-Mokhtar, se caractérise par un calme certain. Ce qui a fait rire jaune les Annabis, par contre, c'est le fait que les filles semblent militer pour la mixité dans les résidences universitaires ou presque. En effet, on rapporte que le mur séparant la résidence garçons de celle des filles a été endommagé. N'ayant pu avoir de contact avec les étudiants on donne cette information sous réserve.
Depuis Annaba on a la possibilité de se rendre facilement à Guelma et aussi à Skikda. Guelma est cette petite ville proprette à souhait et assez alléchante avec des gens si accueillants et Skikda est certainement la perle de la côte est du pays. La situation sécuritaire est maîtrisée et aujourd'hui, on peut se rendre dans l'une et l'autre de ces villes même en pleine nuit sans risque aucun. A Guelma, les législatives font bouger les choses. Si le FLN est le grand favori, El lslah, et malgré les derniers développements que connaît ce mouvement, se pose en outsider. Le même constat est fait pour Skikda avec un léger correctif concernant El Islah, la ville étant le berceau de Djaballah.
Guelma, la Charmeuse et Skikda, la Superbe
Pour l'heure, à Skikda, le mouvement attend la décision des pouvoirs publics concernant le cheikh, mais la population semble «revenue» de la gestion d'El lslah qui, localement, possède le pouvoir. Des citoyens rencontrés en ville disent clairement que «la période de gestion des élus provenant d'El Islah est assez peu convaincante. Aussi pour ces élections, nous allons voir avant de voter». A Guelma et à Skikda, c'est aussi le chômage des jeunes qui est à souligner. Plusieurs d'entre eux sont d'ailleurs attirés par la «traversée». L'on s'associe avec des gens et de préférence ceux qui connaissent la navigation maritime, on s'équipe notamment d'un GPS et, bon vent, direction la Sardaigne. Nombreux sont d'ailleurs les jeunes qui, partis de la plage de Sidi Salem à Annaba par exemple ou depuis le port de Skikda, ont été soit arrêtés avant même que leur projet ne démarre et c'est, dira-t-on, tant mieux pour eux, soit alors appréhendés par les autorités italiennes. Dans les yeux des jeunes gens tant de Guelma que d'ailleurs, la Sardaigne reste cependant la terre promise. Si à Guelma et à Skikda les jeunes peuvent toujours trouver à «bricoler» comme ils disent, dans l'agriculture, ce sont les jeunes d'El Kala qui semblent les mieux lotis. Ayant la chance d'habiter une région riche en corail, les jeunes d'El Kala ont cette faculté de pratiquer un autre «commerce» aussi interdit que lucratif: celui de la pêche au corail. Il faut voir les coraux vendus sur le marché par ces mêmes jeunes gens pour se rendre compte d'abord de la beauté des produits offerts et ensuite du mal fait à la côte par ces mêmes jeunes gens. Toujours est-il que les jeunes d'El Kala sont moins attirés par la Sardaigne ou si peu relativement aux autres villes de l'est du pays.
L'Est avec Constantine, la superbe, drapée de ses atours aussi rutilants que beaux que sont l'attachement aux traditions et à la culture, Annaba, aguichante avec ses belles avenues et surtout sa vie trépidante et aussi El Kala et Skikda, sans oublier Guelma la Charmeuse, autant de villes et de régions qui font de l'Algérie un pays de contrastes. L'Est a certainement ses problèmes, des problèmes de tous les jours avec en sus le chômage et donc la criminalité en nette augmentation; mais l'Est reste tout de même une belle région à voir et revoir avec le sourire de ses gens en prime.


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