Les comédiens ont su ainsi relever le défi de se surpasser lors de ce festival organisé annuellement par le Teatro ell'Impegno. La jeune troupe théâtrale sétifienne, la Compagnie culturelle du théâtre de Sétif, invitée à participer à la 20e édition du Festival méditerranéen de Conversano à Bari (Italie), qui s´est tenue du 11 au 21 août, s´est distinguée, haut la main, en Italie en recevant un prix pour son interprétation de El Djifa, une libre adaptation de La Charogne, une pièce du dramaturge syrien Saâd Allah Wannous, à sa tête, le président Abdelmalek Boussahel. La compagnie a ainsi retenu l´attention d´un public connaisseur des secrets du 4e art en se produisant, lors de ce festival organisé annuellement par le Teatro ell´Impegno. Interprétée par Farès Bousaâda, Fayçal Douag et Abdelmalek Boussahel, La Charogne raconte, sur un ton comique, mais aussi très caustique, les tribulations croisées de Si Abderrachid, richissime propriétaire d´une luxueuse demeure, tiré de son sommeil par un mendiant se lamentant devant le corps sans vie de son compère gisant sur le trottoir, en présence d´un policier terrorisé par la perspective du réveil brutal du riche homme. Les comédiens ont su, ainsi, relever le défi de se surpasser en donnant le meilleur d´eux- mêmes. Qui a dit que le théâtre algérien était mort ou, pis, n´avait pas de public? Pour peu que l´écriture se tienne et les comédiens maîtrisent le sujet, la pièce de théâtre gagnera, à coup sûr, l´adhésion du public. Mise en scène collectivement, la pièce a, pour rappel, reçu le Prix du Meilleur spectacle au Festival international du théâtre arabe qui s´est tenu en mars 2006 au Caire (Egypte). Cette année, dans sa 20e édition, le Festival méditerranéen de Conversano, à Bari, a regroupé de nombreuses compagnies de théâtre venues d´un peu partout, notamment des troupes théâtrales d´Italie, de Serbie, de Palestine, d´Egypte, de Libye, de Cuba, d´Albanie et du Burkina Faso. La Compagnie de Sétif "a su retenir l´attention du jury et attirer l´admiration d´une assistance nombreuse dans la salle", soulignera un des comédiens, Farès Boussaâda.La Compagnie de Sétif, faut-il le noter, a eu, outre le prix glané grâce à ses efforts, la charge de prendre en main le secrétariat général de la ligue du théâtre euroméditerranéen. Un signe de confiance et une preuve de leur professionnalisme incontesté. Alors que dire de notre 4e art? Inexistant, moribond ou plutôt caché et marginalisé, souffrant d´aucune aide ou subvention venant l´encourager à persévérer. Et cette Compagnie du théâtre de Sétif, se demande-t-on alors? Comment a-t-elle fait pour recevoir ce prix qui la distingue de toutes ces autres compagnies qui évoluent dans le monde. Au moment où tout le monde crie à la mise à mort du théâtre algérien, voilà qu´une compagnie théâtrale algérienne prouve le contraire. Une belle ironie du sort qui, cependant, ne devra pas nous faire occulter tous les problèmes que connaît notre théâtre et qui l´accule vers un déclin certain. Heureusement qu´il reste ces quelques compagnies de théâtre régionales qui continuent à activer contre vents et marées en maintenant même leur festival à l´image de celui de Hassan El Hassani ou de Mostaganem. Et entre amateur ou professionnel, ceci est une autre paire de manches. Et puis, à bien regarder, ce sont ces troupes amateurs qui font aujourd´hui le printemps de notre 4e art en lui permettant d´exister et de survivre. Espérons que les responsables de la culture sachent reconnaître la valeur de notre théâtre, non pas seulement par la parole mais aussi en y joignant le geste pour que nos planches reprennent vie et permettent de propager joie, évasion et éducation. Il y va de notre culture populaire qui se meurt. Une culture qui constitue la base et le fondement de toutes les cultures.