Sa double vocation de militant acharné et de médecin doué, a fait de lui un héros national. Un axiome. Qui ose revoir les différents épisodes qu'a connus la guerre de Libération nationale sans que ne soit cité le nom écrit en lettres d'or de Bachir Mentouri? «Nous voulons te rendre l'hommage le plus solennel», a ainsi déclaré le professeur Toumi, ami d'enfance et collègue de feu Mentouri, lors d'une conférence de presse commémorative, organisée, hier au forum d'El Moudjahid en collaboration avec l'association Mechaâl Echahid. Des personnalités de renom étaient présentes à la commémoration de cet événement. «Ta probité intellectuelle et professionnelle nous a toujours servis et les futures générations en profiteront à travers l'histoire», ont été les mots les plus simples, mais lourds de sens, prononcés par un Toumi les larmes aux yeux. Natif de Ferdjioua dans la wilaya de Mila, d'où sont issues d'autres figures emblématiques de l'ALN, à l'image de Boussouf et Bentobal, Mentouri a eu un parcours honorable et non des moin dres. «Notre rencontre a eu lieu en 1955 alors que j'effectuais le remplacement du docteur Benjaoui. Il avait l'intention de rejoindre les rangs de l'ALN du nord constantinois, mais son projet a été reporté à la suite des événements de août 1955» a dit M.Toumi. Durant la période, fin 1956 et début 1957, le médecin brillant qu'il était a, faut-il le rappeler, rejoint la base de l'Est au poste d'animateur des équipes médicales. Recevant une formation d'un niveau élevé, l'ami de toute la, nation est «l'élève devenu maître» a précisé le Dr Toumi sachant que le temps est court pour se remémorer celui qui a redoré, après l'Indépendance de l'Algérie, le blason de sa capitale en tant que premier président du Grand Alger. Constantine a été sa destination suivante où il a brillamment réussi son examen du baccalauréat. Ensuite, il a choisi les universités de Grenoble et de Lyon pour son cursus universitaire. Sentant le danger proche, recherché par la police française, il a vite rejoint ses frères au maquis pour s'occuper de la santé à la frontière tunisienne. Son apport était d'une importance capitale. Usant de qualités inégalées, le Pr Mentouri a sauvé des centaines de vies humaines. «Il a pleinement assumé d'autres fonctions politiques et administratives, sans délaisser son cabinet chirurgical», ont témoigné d'autres présents pour expliquer la double vocation de ce militant acharné, mettant en exergue l'indépendance de son pays. Très tôt, il a rejoint les rangs de l'Union générale des musulmans algériens (Ugma). En 1967, cet éminent médecin a réussi son concours de chirurgie générale avant d'occuper le poste de chef de service, quatre ans plus tard. En sus, il a occupé le poste de maître assistant en anatomie. Profitant de sa brève intervention, M.Ould Kablia a déploré que le corps des médecins, ayant à leur actif le taux participatif le plus élevé durant la guerre de Libération nationale, soient les oubliés de l'Histoire, «Entre 1956 et 1962, le nombre des médecins exerçant en Algérie ne dépassait pas 200. La moitié, dont le professeur Mentouri, a participé activement dans les maquis» a-t-il précisé. Le Pr Mentouri a exercé durant la période postindépendance au CHU Mustapha, avant qu'un «séisme» n'apporte le deuil à l'Algérie, un certain 15 octobre 1996. Bachir Mentouri venait de rendre l'âme.