Pour le centenaire de la naissance du tonitruant cinéaste italien Vittorio de Sica, l'Institut culturel italien à Alger organise la projection de quatre de ses oeuvres. Jusque-là, rien de bien extraordinaire, sauf peut-être pour ceux que le patrimoine cinématographique italien, et plus précisément celui dit néoréaliste, est une référence. Réunis au musée du cinéma, journalistes, hommes de théâtre (très peu nombreux) et de cinéma ( ils n'ont pas brillé par leur présence eux non plus) ont appris ce que cette manifestation a de particulier. Grâce à l'Associazione Amici di Vittorio de Sica de Rome (l'Association des amis de Vittorio de Sica), les quatre films à l'affiche de la Filmathèque Mohamed-Zinet de Riadh El-Feth, aujourd'hui et demain, ont été restaurés selon des procédés - et là M.Giorgio Guerrini ne manquera pas de le signaler avec fierté - à la pointe de ce qui se fait de mieux dans le monde. La bobine présentée à l'assistance après l'allocution du directeur de l'Institut culturel italien et les interventions inévitables de M.Boudjemaâ Karèche, directeur de la Cinémathèque, et Yazid Khodja, responsable de la Filmathèque Mohamed-Zinet, était une sorte de «avant/après la restauration». La rétrospective de l'oeuvre de Vittorio de Sica n'est pas l'exclusivité de l'Algérie puisque les films présentés ont fait le tour de l'Europe notamment à Paris, Prague et Bucarest. L'Italie, dira M.Giorgio, est à l'avant-garde de la restauration des oeuvres cinématographiques. Le travail de Visconti, une autre illustre figure du cinéma italien, en a pleinement profité. Ses oeuvres, presque entièrement ruinées, ont été sauvées in extremis grâce à l'intérêt que porte l'Italie à ses monstres sacrés. Son film L'étranger, restauré, sera, promet le directeur de l'Institut italien, bientôt présenté en Algérie. Le patrimoine filmique, à cause de la fragilité du support qu'est la pellicule, est extrêmement fragile. Les bobines, à 20 ans d'âge, sont considérées «à risques». L'Algérie a déjà bénéficié, l'année dernière, de la sauvegarde d'une des pièces de son patrimoine, La bataille d'Alger du réalisateur italien Ponte Corvo. Le film Tahia ya Didou, quant à lui, est actuellement pris en charge par les Archives du film français, nous apprend M. Boudjemaâ Karèche, opération entrant, bien entendu, dans le cadre des activités de l'Année de l'Algérie en France. Ainsi, le cycle proposé par l'Institut culturel italien serait un rappel, à ceux qui détiennent le patrimoine cinématographique national, que les bobines, même bien cachées, ne sont pas éternelles et qu'il est urgent de penser à les restaurer.