Les différents responsables et dirigeants européens ont, immédiatement, après l'annonce des attentats terroristes qui ont endeuillé Alger, ce mercredi, manifesté leur solidarité, exprimé leurs condoléances aux familles des victimes et dit leur soutien au peuple algérien. Que ce soit le président du Parlement européen, les chefs de groupes politiques, ou le président de la Commission européenne, le secrétaire général de l'Otan...Tous ont condamné fermement «les actes barbares et ignobles» des terroristes et ont assuré l'Algérie de leur soutien. La première constatation tient à l'attribution de cet acte sanguinaire à Al Qaîda. Les principaux analystes et spécialistes du terrorisme confirment, en majorité, la thèse de l'existence d'une filiale d'Al Qaîda au Maghreb. Se basant sur des enquêtes et le recoupement des informations des différents services de renseignements européens, ils en concluent que les terroristes du Maghreb activent, désormais, sous le label d'Al Qaîda du Maghreb islamique (Aqmi). En Algérie, le principal «animateur» de ces groupes armés n'est autre que le Gspc de Abdelmalek Droukdal. La seconde constatation est la montée de la crainte (pour ne pas dire la peur) des Européens que les attentats de mercredi soient des signes de réveil des milieux terroristes et des risques d'attentats chez eux. A titre d'exemple, Europol, l'organisation de coordination des polices européennes, rappelle avoir comptabilisé, pour l'année 2006, pas moins de 498 attentats ou tentatives d'attentats terroristes dans 15 des 27 pays de l'Union européenne. Europol estime que le risque terroriste en Europe s'est accru malgré l'arrestation pour la seule année 2006 de plus de 700 activistes islamistes sur le sol européen. Il faut noter que les Européens font un lien direct entre les attentats qui ont eu lieu deux jours avant à Casablanca, au Maroc, et ceux ayant eu lieu précédemment en Tunisie. Toujours est-il que le Parlement européen a appelé, dès mercredi soir, à une coopération renforcée dans la lutte antiterroriste avec le Maghreb en général, et avec l'Algérie, en particulier. De son côté, l'Otan a réaffirmé, jeudi matin, par la voix de son SG, sa coopération antiterroriste et son dialogue politique avec Alger. Mais la question qui revenait dans les débats et discussions entre les journalistes de la presse internationale accréditée à Bruxelles et les responsables européens, a été de savoir comment, concrètement, l'UE va-t-elle bâtir ou mettre en oeuvre une politique commune de lutte antiterroriste, alors même que des désaccords existent encore en son sein sur une définition commune du terrorisme? Comment concilier les principes sacrés des droits de l'homme et de la vie privée avec les exigences (enquêtes, renseignements, prérogatives des polices...) de la lutte antiterroriste? Rappelons que le coordinateur de la lutte antiterroriste de l'UE, le Néerlandais Gijs de Vries, avait annoncé, après trois ans de travail, sa démission pour le mois de mars dernier, pour cause de divergence entre certains Etats européens sur la conception et les moyens de lutte contre le terrorisme international. Autre exemple, l'UE est loin de mettre les moyens de coopération tant annoncés avec le centre antiterroriste de l'Union africaine, dont le siège est à Alger. Il est significatif de voir l'empressement mis par certains Etats européens, la France en premier, pour débourser argent et hommes contre les réseaux de l'immigration clandestine (Frontex), alors qu'ils hésitent devant les appels des pays du Sud pour une réelle solidarité dans la lutte contre le terrorisme. L'Algérie sait ce qu'il en coûte pour affronter la bête immonde. L'Europe, le sait aussi. Alors, après les marques de solidarité et de soutien de l'Europe, il faut maintenant des actes forts.