La veille, Amara Benyounès à Boghni et Ferhat à Tizi Ouzou célébraient, chacun à sa façon, Avril 1980. La commémoration du vingt-septième anniversaire du Printemps amazigh est passée, pratiquement, inaperçue en Kabylie, cette année. Noyée, sans doute, dans la précampagne électorale qui semble solliciter bien plus les acteurs politiques. Certes, la Maison de la culture et l'université ont essayé de pallier la chose en organisant expositions, rencontres et autres conférences, mais la rue, sans doute aussi perturbée par la pluie, a été, en somme, délaissée par les citoyens. C'est, par contre, à un meeting qu'a appelé l'alliance ANR-UDR. Un meeting animé par M.Amara Benyounès de l'UDR, accompagné de la tête de liste de cette alliance, M.Mohand Arezki Boumendil. C'est à la salle des fêtes Blanche-Neige à Boghni, que les deux acteurs politiques se sont adressés à la foule, composée aussi bien de militants ANR que de ceux de l'UDR et de quelques citoyens venus écouter la partition partisane de l'UDR-ANR. M.Boumendil ouvre la conférence en faisant une sorte de résumé sur le pôle démocratique en construction et, notamment, en ce qui concerne le volet économique, comme il est revenu longuement sur la stratégie de campagne en affirmant que l'alliance privilégie le débat politique. Intervenant à sa suite, M.Benyounès retrace longuement les divers scrutins passés en faisant la «part des choses». Il mettra ensuite l'accent sur la situation tant économique que sociale de la Kabylie et dira qu'elle vit une situation des plus chaotiques. M.Benyounès a ainsi passé en revue le social et le politique dans la région en affirmant que «l'alliance n'est qu'une ébauche d'un pôle démocratique appelé à durer», comme il souligne que cette alliance est présente au niveau des 48 wilayas du pays. Durant près de deux heures, le leader de l'UDR développe un discours empreint de pédagogie et a appelé au vote massif, lors de la prochaine consultation électorale du 17 mai. L'orateur n'a pas manqué d'envoyer des piques aussi bien au FLN qu'au PT à propos de leur lecture des derniers attentats d'Alger. Par ailleurs, et dans la même journée, c'est le MAK qui a appelé à une marche depuis le carrefour du 20-Avril jusqu'à l'ancienne mairie. Ferhat Mehenni, l'un des anciens du Printemps amazigh, s'est mêlé à la petite foule des marcheurs qui ont essayé, malgré la pluie, de renouer avec l'esprit d'Avril 1980. Dans sa déclaration, le leader des autonomistes devait intervenir sur ses visions et a évoqué, en ce sens, l'itinéraire de tamazight en parlant de la marche du 11 mars 1980, celle-là qui a servi de déclencheur au mouvement de revendication amazighe. Et Ferhat d'appuyer que «la résistance pacifique de la Kabylie est une nécessité vitale pour faire échec aux plans, complots et autres agressions visant à dépersonnaliser et à détruire la Kabylie». Finalement, le 20 avril a été des plus «vides» dans une ville où l'attention était toute au match que la JSK devait jouer à Alger pour la Coupe d'Afrique.