Le 20 avril 2006 aura été celui de la commémoration, loin très loin de la protestation. Les festivités du double anniversaire du Printemps noir et du Printemps amazigh se sont déroulées le jeudi à Béjaïa dans un climat de sérénité qui en dit long sur la maturité politique de la région. Les acteurs politiques, ont chacun à sa façon, marqué l'évènement par des marches et des rassemblements ponctués de baptisations et autres inaugurations. La Cicb a organisé une marche populaire qui s'est ébranlée de l'esplanade de la Maison de la culture de Béjaïa en direction de la place de l'Edimco. Sur place, les animateurs de la Cicb ont lancé un appel à l'endroit des élus locaux pour dégager des sommes pour l'érection d'une stèle à la mémoire des martyrs du Printemps noir. Pendant ce temps l'autre tendance des archs de Béjaïa arrivait sur l'esplanade de la Maison de la culture, après un parcours du combattant, la menant des quatre chemins, pour traverser toute la ville munies de l'enseigne portant la dénomination de la maison de la culture du nom de Taous Amrouche. Le FFS, parti majoritaire dans les assemblées locales, s'est contenté d'un rassemblement au TR Béjaïa animé par les cadres du parti dont le premier secrétaire Ali Laskri. Au-delà de la division qui fait office encore une fois dans les rangs des acteurs politiques, il y a lieu de noter que la tendance d'entrer en pourparler avec les pouvoirs publics a été celle qui a mobilisé le plus, même si la mobilisation a beaucoup fléchi comparativement aux années précédentes. Le 20 avril 2006 aura été celui de la commémoration, loin très loin de la protestation, dénotant un peu l'attente chez le citoyen à tous les niveaux aussi bien politiques que sociaux et économiques. A Akbou, où le MAK a fait parler de lui, quelques centaines de personnes ont battu le pavé scandant des slogans hostiles au pouvoir et revendiquant tamanith (autonomie) de la Kabylie, tout en exigeant une nouvelle approche politique consensuelle et unitaire, la refondation de l'Etat national en dehors de la conception jacobine de l'Etat uniciste et centralisé. C'est devant une foule assez conséquente que les animateurs se sont relayés au micro pour expliquer les objectifs du MAK et l'utilité d'une autonomie pour la région de Kabylie. A Tizi-Ouzou, une «marche plurielle» a l'appel de la coordination locale des étudiants de l'université Mouloud Mammeri de Tizi-Ouzou, s'est déroulée dans une atmosphère assez morose et dans un climat calme. Au départ de la marche, sur les coups de dix heures, devant le campus de Hasnaoua I, les carrés se formaient doucement sans les grosses foules d'antan. Les étudiants d'abord, rejoints ensuite par des militants du RCD et des sympathisants aussi bien de Saki Khellil que du MAK font grossir les carrés. La procession qui ne tarde pas à s'ébranler est rejointe par le leader du RCD accompagné par quelques cadres de son parti. Des banderoles proclamant «Tamazight langue officielle» et «pour une véritable université à Tizi-Ouzou» ainsi que d'autres, réclamant l'indépendance de la justice, la libération des journalistes emprisonnés, sont déployées. Tout au long de la marche, dans laquelle on a pu noter la présence de Ferhat Mehenni et de Saki Khellil tous deux anciens animateurs du MCB originel, les manifestants criaient des slogans hostiles au pouvoir. Des policiers présents au devant du premier carré donnaient un certain rythme à la marche. En cours de route les carrés s'étoffaient. Des militants du PT ont distribué une déclaration stipulant «tamazight langue nationale et officielle dans le référendum». Au niveau du rond-point là où les archs devaient tenir un rassemblement et par où devait nécessairement passer la marche, de nombreux policiers veillaient à ce qu'aucun incident ne vienne émailler les deux actions. Les archs ont finalement préféré lever leur action en demandant à leurs troupes de rejoindre la place Matoub Lounès. Le clash craint n'a pas eu lieu.