Faute de moyens qu'ils n'ont jamais su mobiliser et devant une conjoncture sécuritaire des plus précaires, le vide s'est installé pour ce rendez-vous. Le double anniversaire du Printemps berbère et du Printemps noir, en même temps double rendez-vous d'union, serait-il relégué au second plan cette année? N'intéresse-t-il plus ce beau monde politique qui s'en est toujours revendiqué? Ces questions méritent d'être posées si l'on considère la présence timide des acteurs sur le terrain pour cette commémoration. Les programmes d'activités de célébration qui nous ont été communiqués, jusqu'à hier, ne sont pas aussi conséquents et à la hauteur de l'événement. Date-phare dans le combat démocratique, le 20 avril, le Printemps amazigh, qui a, de tout temps, été un moment fort pour la Kabylie qui se voit ressoudée ne sera célébré cette année que timidement. Intervenant dans une conjoncture préélectorale et au moment même où l'Algérie est endeuillée par le terrorisme, les acteurs traditionnellement animateurs de l'événement brillent par leur absence ou marquent tout simplement leur présence par une action symbolique. Autant les politiques, dont le nombre postulant à la députation s'est considérablement gonflé, sont préoccupés par la promotion de leur programme et vont jusqu'à exploiter cette date pour leur propre intérêt, autant les acteurs du mouvement associatif cèdent à la panique. Faute de moyens qu'ils n'ont jamais su mobiliser et devant une conjoncture sécuritaire des plus précaires, le vide s'est installé pour ce rendez-vous qui mérite amplement plus de considération. Tout ceci ne doit nullement justifier le délaissement de cette date symbole. C'est donc dans la tristesse, et le mot n'est pas fort, que le 27e anniversaire du Printemps berbère sera célébré. Une tristesse qui transparaît dans les actions inscrites à ce jour. En Kabylie, seule une marche populaire est annoncée. Elle est l'oeuvre du MAK de Ferhat M'Henni. Les lycéens de Sidi Aïch ont marché, hier, pour tamazight et contre le terrorisme. Les archs, qui ont, jusque-là, dominé les débats à chaque anniversaire, se distinguaient par le recueillement, hier, sur la tombe de Guermah Massinissa à Beni Douala. La Cicb prévoit deux rassemblements, l'un sur la place des Martyrs du Printemps noir à Béjaïa, le vendredi, et l'autre à Amizour, le 22 du mois en cours. Cela, à côté d'une conférence-débat ayant pour thème «avril 1980, avril 2001, avril 2007: éclairage et projection». Le PST, par la voix de Sadek Akror revient avec une conférence sur l'histoire du mouvement amazigh et le combat identitaire à la cité universitaire puis à Feraoun où un rendez-vous est pris avec la population locale autour du même thème. Le FFS tient, aujourd'hui, une conférence-débat à la Maison de la culture de Béjaïa. De son côté, le mouvement associatif se contentera d'actions folkloriques. Expositions, projections de films et conférences-débats sont annoncées par-ci, par là, avec une différence, cependant; avec les politiques, il ne sera point question de promotion ou de campagne électorale. Juste la symbolique du jour qui doit rappeler à tout un chacun la nécessité de «se remobiliser, encore une fois, pour faire avancer la démocratie qui ne cesse de reculer», disait, hier, cet étudiant de l'université de Béjaïa. Si de tout temps l'anniversaire du Printemps noir est exploité pour tirer la couverture vers soi, il ne l'a jamais été comme cette année en raison de la conjoncture politique, mais aussi des crises internes qui minent aussi bien les partis politiques influents dans la région, que les archs, maîtres des lieux, 4 ans durant. Un constat unanimement partagé par l'homme de la rue. L'effritement qu'a connu la Kabylie du fait des divergences politiques et des luttes pour le leadership, a fini par se transformer en un repli sur soi dont les conséquences sont incommensurables. C'est pourquoi le rendez-vous de ce vendredi doit rappeler à tout un chacun que rien n'est encore fait et tout reste à faire.