Dans cet entretien, Bélaïd Abrika affirme que c'est aux représentants de l'Etat de trouver une solution. Liberté : Les élus du FFS et du FLN refusent de quitter les assemblées en Kabylie ; quelle est votre réaction ? Bélaïd Abrika : Nous en tant que mouvement citoyen, nous avons demandé la dissolution de ces assemblées et la révocation des “indus élus” parce qu'ils ne sont pas représentatifs et ils n'ont aucune légitimité populaire. C'est ce qui fait que lorsque nous avons entamé le dialogue en janvier 2004, nous avons signé un accord global et nous avons demandé le départ des “indus élus” sur le double plan local et national. Aujourd'hui, nous avons réaffirmé cette question dans le protocole d'accord que nous avons signé le 15 janvier dernier. Nous attendons que l'Etat honore ces engagements quant à la révocation de ces “indus élus”. Dans le cas où la situation viendrait à perdurer, comment comptez-vous réagir ? Nous avons signé un accord avec les représentants de l'Etat, et c'est aux représentants de l'Etat de trouver une solution. Nous voulons des représentants légitimes qui prendront en charge les doléances des citoyens et non pas des prédateurs qui ont vraiment dilapidé le patrimoine de nos collectivités et qui ont mené la région vers le chaos. L'Etat se dit prêt à organiser des élections ; comptez-vous vous impliquer ? ll Le mouvement citoyen est régi par des textes et un code de l'honneur. Il a instauré une tradition à chaque rendez-vous électoral, il installe des commissions de réflexion et il analysera la situation en temps opportun et annoncera sa décision quant à d'éventuelles élections dans la région. Le FFS parle d'une relance inévitable de la violence en Kabylie. Estimez-vous que c'est effectivement possible ? Nous sommes un mouvement citoyen pacifique et démocratique. Dès sa naissance, nous avons appelé à l'arrêt de l'effusion de sang pour épargner des vies humaines. Nous le ferons tous les jours et nous ne cesserons pas de le faire. J'insiste énormément sur le fait que nous sommes un mouvement pacifique et nous refusons toute forme de violence d'où qu'elle vienne. Je dis bien nous refusons toute forme de violence d'où qu'elle vienne ! Le FFS qualifie cette révocation de décision illégale et anticonstitutionnelle ; avez-vous abordé cette question juridique lors du dialogue avec Ouyahia ? La légalité n'a aucun sens lorsqu'elle n'a pas de légitimité populaire. La loi ne peut s'appliquer lorsqu'elle n'a pas le soutien de la population. Quand on n'a pas l'approbation de la population, elle devient une dictature de fait. Votre mouvement s'apprête à fêter le double anniversaire du Printemps berbère et du Printemps noir... Effectivement, le mouvement citoyen né des douloureux évènements de 2001 s'apprête à commémorer le double anniversaire du Printemps noir et du Printemps berbère en organisant de nombreuses festivités. Cela a commencé déjà, hier, à la maison de la culture Mouloud-Mammeri où nous avons organisé une conférence-débat sur le sport et la question identitaire qui a drainé beaucoup de monde. Nous avons prévu d'autres activités qui seront organisées ces jours-ci, notamment le 18 avril où il y aura un recueillement et un dépôt d'une gerbe de fleurs sur la tombe de Guermah Massinissa avec une prise de parole. Le 20 avril, il y aura la “baptisation” des deux places publiques à Tizi Ouzou, l'une à la mémoire des victimes du Printemps noir et l'autre à la mémoire du regretté Matoub Lounès. Cette cérémonie sera suivie d'un grand gala-meeting au stade Oukil-Ramdane pour apporter les éclaircissements nécessaires quant à l'avancement du dialogue. En tant que mouvement citoyen, nous n'avons pas appelé à une marche populaire, mais nous estimons que toutes les manifestations retenues prouvent que nous sommes là et toujours mobilisés pour continuer notre combat. Nous nous sommes engagés pour la satisfaction de la plate-forme d'El-Kseur portée par toute une population meurtrie et touchée dans sa chair. Le mot de la fin… Le mouvement citoyen est un cadre rassembleur et de fraternité. Nous appelons tous les Algériens qui ont apporté leur contribution pour que ce mouvement puisse arracher des acquis à s'unir davantage et à déjouer toutes les manœuvres qui se préparent pour que ce double anniversaire soit couronné d'un grand succès et dans la plus grande solidarité. S. L.