Un laboratoire national de métrologie sera créé prochainement pour lutter contre les risques professionnels. Bourdes itératives du département du travail ou défaillance totale d'un système? «Nous avons enregistré 50 097 accidents du travail, ayant causé 757 décès en 2006 à travers le territoire national.» Cette précision a été apportée, hier, par M.Taleb Boubekeur, directeur de la prévention à la Cnas. Notons que le nombre d'accidents va crescendo comparativement aux années précédentes. Entre 2003 et 2004, l'on a enregistré un total effarant 95.000 cas. Dans ce registre, le secteur du bâtiment et des travaux publics enregistre le taux le plus élevé en accidents. Dans ce contexte, le directeur de la prévention a précisé que ce secteur, à haut risque, a enregistré 273 décès, soit un taux de 35,9% du nombre global des décès enregistrés. Par ailleurs, il affirme que «43.375 ont été déclarés avec arrêt de travail dont 28.182 ont fait l'objet d'un premier paiement d'indemnités journalières». En sus, l'année écoulée a été le théâtre de 7177 accidents jugés graves, entraînant une incapacité de travail totale. A voir ces chiffres qui donnent le tournis, l'on se demande si l'application du dispositif en vigueur qui fait supporter à l'employeur la plus importante charge en matière de prévention sanitaire, est sur le terrain. Pour assurer une meilleure prise en charge de ces accidents et des maladies professionnelles, «la Cnas a alloué une enveloppe financière de 10,7 milliards de DA (108 millions d'euros) entraînant une perte de 1.500.000 journées de travail», a ajouté M.Taleb. Paradoxalement, la gestion fait défaut et l'argent, qu'on pense bon serviteur, devient, forcément, mauvais maître. En outre, M.Taleb a souligné que le montant moyen de la rente dégagé par la Cnas au profit des victimes, grièvement blessées, s'élève annuellement à plus de 50.000DA par personne. S'agissant des maladies, «941 cas de ma-ladies professionnelles ont été déclarées au cours de l'année 2006», a-t-il précisé. La palme revient au secteur «interprofessionnel», hôpitaux et administrations inclus. Ce secteur, à lui seul, a enregistré 299 cas. Parmi les maladies enregistrées dans ce secteur, M.Taleb a cité, entre autres, les hépatites et les affections pulmonaires. Conscient de la réalité amère, M.Taleb a souligné que le nombre annuel des accidents du travail et des maladies professionnelles déclarées «est encore loin de refléter la situation effective sur le terrain.» «Les chiffres réels sont encore plus importants que ceux déclarés», a-t-il poursuivi. Et d'expliquer cet état de fait par le manque de «diagnostic, connaissance des textes réglementaires et présence d'une structure de la médecine du travail dans certaines entreprises». Pour pallier toutes les anomalies, un laboratoire national de métrologie sera installé prochainement pour lutter contre les risques professionnels. Cette structure sera installée à l'Institut national de la prévention des risques professionnels (Inprp) à l'occasion de la Journée mondiale de la sécurité et de la santé au travail, a indiqué Mme Lamia Younsi, chef de département de l'Institut. Ce laboratoire, le premier en Algérie, sera doté d'appareils portatifs pouvant mesurer et diagnostiquer les risques en milieu professionnel.