Chaque leader de parti a choisi la rampe de lancement de l'offensive pour la conquête de l'hémicycle Zighoud-Youcef. M.Ouyahia a donné à El Tarf le coup d'envoi de la campagne électorale du RND. C'est le fief de l'ancien président de la République, Chadli Bendjedid. Les observateurs n'arrivent pas encore à déceler son message, si, bien sûr, message il y a. Le RND entend créer la surprise et profiter du doute qui s'est installé dans les rangs de son principal rival, le FLN. Il s'est, par la suite, rendu à Annaba, la grande métropole de l'Est algérien où il a déclaré que «l'Algérie a besoin d'un effort supplémentaire pour insuffler une nouvelle dynamique au processus de développement». Ouyahia s'est même déclaré partisan pour l'augmentation des salaires. M.Abdelaziz Belkhadem, secrétaire général de l'instance exécutive du Front de libération nationale (FLN), a choisi Blida pour lancer la campagne électorale. Ce n' est pas un geste fortuit puisque la ville représente le bastion du MSP, la ville des Roses est celle du défunt président du Mouvement, Mahfoud Nahnah. Il a laissé un message fort: «Celui qui veut la stabilité, qu'il vote pour le FLN.» L'autre membre de l'Alliance présidentielle, le MSP, a donné le coup de starter de sa campagne, à l'assaut de l'APN, dans la capitale. Le choix du quartier populaire par Boudjerra Soltani, les Eucalyptus, pour animer son premier meeting et son escale à Baraki, tiennent de la volonté du président du MSP de renouer le contact avec les fiefs islamistes pour couper court aux mauvaises langues qui taxent le Mouvement islamiste d'élitiste qui consent à continuer son flirt avec le pouvoir. Une étiquette difficile à détacher, tellement le MSP s'est fondu dans les réflexes d'un parti officiel, investi d'une portion de pouvoir au sein des institutions de la République. La stratégie du «un pied dedans et l'autre dehors» ne semble pas faire recette au sein des masses populaires qui n'arrivent plus, à l'instar des observateurs politiques, à situer le positionnement du MSP. Louisa Hanoune, tête de liste à Alger, a voulu, à travers sa sortie à Adrar, coller au slogan de la campagne, à savoir «La souveraineté nationale». Adrar est une ville du sud du pays, réserve des richesses de l'Algérie. Le pétrole, l'or et le gaz proviennent du sous-sol de la terre aride et généreuse à la fois. C'est la source des convoitises étrangères. C'est là aussi que la communauté targuie sur laquelle s'exerce des pressions étrangères vit. Le PT montre son attachement aux richesses et à l'unité nationale. C'est l'angle d'attaque de la campagne électorale et du programme politique du Parti des travailleurs. Pour sa part, Saïd Sadi a retrouvé ses réflexes d'antan en se rendant à Bab El Oued pour débuter sa campagne pour les législatives de 2007. Le président du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) ne cache pas ses intentions politiques pour un tel choix hautement symbolique. Il le dit publiquement: «Le début de ma campagne depuis Bab El Oued n'est pas fortuit», a-t-il dit, avant de signaler à l'adresse des curieux que «c'est l'un des plus vieux quartiers d'Alger où je suis tête de liste». Saïd Sadi a voulu placer la barre très haut. Il ne veut pas paraître comme un intrus dans le décor. Il rappellera qu'il connaît bien le quartier pour avoir travaillé en tant que médecin, dans son hôpital Mohamed-Lamine-Debaghine (ex-Maillot). Les joutes oratoires qui se dérouleront tout au long de la vingtaine de jours, jusqu'au 14 mai, durée de vie de la campagne électorale promettent d'être riches en bouleversements et de coups de tonnerre qui réveilleront les citoyens de la léthargie politique qui les enveloppe, faute d'activité politique permanente et surtout à la suite de la fermeture des médias lourds au débat partisan. Pour certains citoyens, il s'agit d'une découverte, car certains partis ne vivront que le temps de cette campagne électorale. Les leaders des 24 partis politiques, en lice, et leurs 11.243 candidats inscrits dans 1042 listes, ainsi que les 986 candidats indépendants, regroupés dans 102 listes, se lanceront dans cette campagne pour tenter de gagner les faveurs des voix du peuple. Mais à l'arrivée, seule une poignée de partis sortiront indemnes de l'urne. Les autres, ils auront à subir un autre camouflet. Un de plus pour leur signifier leur fin de mission.