Une cérémonie qui vient récompenser les efforts de cet homme de théâtre et par extension, cette corporation qui se meurt.. La salle ‘'Algeria'' a abrité, l'après-midi du 1er mai, une cérémonie organisée par l'association Le 3ème millénaire qui a rendu un vibrant hommage au comédien Benyoucef Hatab, qui vient de fêter ses 77 ans dont une soixantaine consacrés au théâtre, à la radio, à la télévision et au cinéma. En retraite administrative depuis 1990, l'artiste doué d'un grand dynamisme, est toujours présent sur la scène artistique. Parmi les téléfilms dans lesquels il a interprété un rôle principal, il est à citer: El Wassiya, El Mektoub et El Badra. Plusieurs artistes ont égayé cette qaâda, à laquelle ont pris part les proches du comédien, ses amis ainsi que de nombreux artistes. Une cérémonie entrecoupée de mini-concerts animés, entre autres, par le groupe Triana d'Alger, Abdelaziz Benzina, Boualem Chaker et Abdelkader Chaou qui a interprété, à cette occasion, plusieurs chansons de style chaâbi dont Youm el djemaâ khardjou eryam, puisées du patrimoine national. «Nous avons organisé cet après-midi artistique en reconnaissance à ce talentueux et généreux artiste qui a donné le meilleur de lui-même à l'art et à la culture», a indiqué, Sid Ali Bensalem, comédien et président de cette association qui a déjà honoré auparavant plusieurs artistes dont Boudjemaâ El Ankiss, Mustapha Preur, Mohamed Ouniche, Nouria et le réalisateur Mustapha Badie. Pour sa part, l'artiste Benyoucef Hatab, qui a reçu à cette occasion un trophée et des cadeaux de l'Association ainsi qu'une prise en charge pour une Omra de la part de l'APC de Bab Ezzouar, s'est dit «très heureux de cette distinction» soulignant son «grand bonheur d'avoir servi et de continuer de servir la culture nationale». Né en 1930 à Alger, Benyoucef Hatab a fait, en 1948, son entrée au théâtre où il a travaillé avec des personnalités telles que Hadj Omar et Sid Ali Menguellati avant de participer à des émissions enfantines diffusées par la radio aux côtés du célèbre comédien Rédha Malek Falaki. Benyoucef Hatab rejoint ensuite la troupe de Mahieddine Bachtarzi, qui comptait de talentueux comédiens dont Mohamed Touri, Rouiched, Nouria et Keltoum, puis se rendit en France pour parfaire sa formation. Au déclenchement de la lutte armée, Benyoucef Hatab, à l'instar des autres artistes, cessa toute activité. Le comédien, qui fut arrêté en 1960 par l'armée coloniale, pour ses activités nationalistes, revint au théâtre «sa passion de toujours», dès les premiers jours de l'Indépendance en intégrant la troupe artistique de la Sûreté nationale puis la troupe théâtrale et la radio où évoluaient également Abdelhalim Raïs, Taha El Amiri, Mohamed et Saïd Hilmi et Farida Saboundji. Membre de l'Union nationale des artistes professionnels (créée en juillet 1990), et vice-président de l'association cinématographique ‘'Lumières'', gérée actuellement par un autre homme du 7e Art, à savoir Amar Laskri, Benyoucef Hatab compte à son actif, outre des centaines de pièces radiophoniques, de nombreuses distributions dans des pièces de théâtre dont Les enfants de la Casbah, une pièce théâtrale en hommage à la Révolution, des téléfilms et des films. Un hommage qui vient saluer un homme de l'image, des tréteaux et de l'audiovisuel et par extension, toute la corporation de ce métier noble qu'est le 4e art dont Sid Ali Kouiret nous affirma, à juste titre, l'autre jour, qu'il manque cruellement de relève. Une corporation qui se meurt ou à défaut qui perd peu à peu l'estime du public. A quand le retour massif vers les bancs au velours soyeux et les tréteaux vernis?