Nous vivons, aujourd'hui, une période de tyrannie mémorielle, avec son lot d'écueils, néanmoins la prise en considération de la mémoire a beaucoup apporté à l'histoire. Tous les pays ont, à un moment ou un autre, une histoire commune dont témoignent, aujourd'hui, les hommes, les monuments et les sites archéologiques. En cela, on y trouve des influences multiples, car à l'époque, les techniques, les styles, les matériaux aussi bien que les architectes s'échangeaient d'un pays à un autre. A présent, ce sont les procédés de restauration que l'on met en commun tout autour, car ces témoignages et ces monuments et autres sont confrontés aux mêmes problèmes de conservation objet de diffamation, inconsciences sociales ou naturelles (vents, mer...). Nous vivons, aujourd'hui, une période de «tyrannie mémorielle», avec son lot d'écueils. Néanmoins, la prise en considération de la mémoire a beaucoup apporté à l'histoire. Pierre Nora, spécialiste dans l'étude de l'historiographie et du sentiment national, animera une conférence-débat, jeudi prochain, au Centre culturel français autour du thème «Histoire et mémoire». L'académicien a poursuivi une activité parallèle d'universitaire et d'éditeur, il en a tiré son oeuvre principale Les lieux de mémoire, sept volumes parus en 1984, 1986 et 1993 aux éditions Gallimard. Ouvrant l'investigation historienne au futur du passé. Il importe de bien distinguer ces deux dimensions, que l'histoire avec sa fonction véritable et la mémoire avec sa visée de fidélité pour mieux les penser ensemble. Pierre Nora s'est surtout consacré dans le cadre d'une «histoire du présent» à l'élaboration d'une problématique générale de la mémoire historique contemporaine. Il convient de concevoir la mémoire par l'histoire et inversement grâce à une approche qui conjugue un double mouvement d'appropriation et distanciation vis-à-vis du passé pour mieux penser notre présent et ses virtualités de souvenirs. La mémoire individuelle et celle collective ont toutes les deux à maintenir une cohérence dans la durée autour d'une identité qui se tient et s'inscrit dans le temps et l'action. L'universitaire est entré comme directeur littéraire, en 1965, chez Gallimard pour y développer le secteur du livre des sciences humaines. Il a, en particulier, créé la Bibliothèque des histoires en 1970. Il a également fondé, en 1980, la revue Le débat qu'il dirige, depuis. Pierre Nora a été élu à l'Académie française, en 2001.