En clair, les quatre jours de pluie ne représentent que le volume de consommation d'eau pour une seule journée de plus de 2 millions d'Algériens. Les dernières pluies qui se sont abattues sur le territoire national ces quatre derniers jours (entre le 5 et 9 mars) n'ont eu aucun effet direct sur les volumes d'eau stockés au niveau des barrages. C'est le triste constat dressé, après quelques jours d'une pluviométrie qui a atteint un cumul de 114 mm, par le ministère des Ressources en eau, dans un communiqué sur la situation des barrages. Si les agriculteurs ont été ravis par ces dernières pluies, les consommateurs algériens se sont réjouis un peu trop vite de cette pluviométrie du moment qu'elle pouvait contribuer, en cas d'un stockage conséquent au niveau des barrages, à améliorer la distribution de l'eau. Ce constat est déprimant. Sur le fameux barrage de Keddara (Boumerdès) qui doit théoriquement approvisionner l'Algérois et le Centre, le volume de ces dernières 48 heures a été de 7 mm seulement, 3,5 sur le barrage de Zadezas (Skikda) et 27 mm sur celui de Sidi Abdelli (Tlemcen), ce qui a engendré des apports de l'ordre de 3,6 millions de m3 à travers le territoire national. Dans l'est du pays, l'apport en eau au niveau des barrages est considéré comme «très faible» puisque le cumul des volumes est de l'ordre de 200.000 m3. A l'Ouest, les apports sont légèrement supérieurs par rapport à l'Est avec un cumul de 1.800.000 m3 à travers les 13 barrages fonctionnels. Pour la région du Chelif, qui compte pas moins de dix barrages, un apport de 700.000 m3 a été enregistré. Alors qu'au centre du pays, le complexe le plus important comprenant Kedarra-Beni Amrane-Hamiz n'a reçu que 70.000 m3, soit le plus faible taux au niveau national. Si l'on excepte le barrage de Boukourdane, dans la wilaya de Tipasa qui, à lui seul, totalise plus de 11 fois le volume de la région Centre avec 800.000 m3. La situation peu reluisante des barrages suscite les interrogations les plus diverses. Depuis quelques semaines, les experts en ressources hydriques mettaient en avant la sécheresse et le faible niveau de pluviométrie pour expliquer l'assèchement des barrages, une des causes majeures du manque d'eau potable et des pénuries à répétition. Les 140 mm de pluie en quatre jours sont un taux assez important pour un pays semi-aride comme l'Algérie même si les besoins nationaux sont estimés à 19 milliards de m3 par an, soit 600 m3/an/habitant. En clair, les quatre jours de pluie ne représentent que le volume de la consommation d'eau pour une seule journée de plus de 2 millions d'Algériens. Cette situation de déperdition est prévisible au regard du constat alarmiste dressé par le rapport du 30 décembre 2001 du ministre des Ressources en eau qui avait fustigé la gestion des barrages par les sociétés nationales en indiquant: «Leurs capacités et leurs qualifications sont insuffisantes par rapport à la complexité et à l'importance des travaux requis.» Le phénomène d'envasement des barrages et de pollution est un des plus gros problèmes qui se posent. Le retard dans la réalisation des travaux de réaménagement et la réalisation des barrages d'alimentation en eau potable est également pointé du doigt. La gestion calamiteuse du secteur ces dernières années fait en sorte qu'il faudrait, selon les experts, au moins deux mois d'une pluviométrie de ce niveau pour que les barrages retrouvent un volume de stockage moyen. Le constat de carence a été récemment dressé par le Chef du gouvernement, Ali Benflis, qui indiquait que mis à part l'enveloppe assez maigre allouée au secteur - dans le cadre du plan de relance - et estimée à 9,27 milliards de dinars, ce sont davantage «les graves dysfonctionnements et les insuffisances organisationnelles» du secteur de l'eau, et des barrages en particulier, qui aboutissent à une situation aussi alarmante. Les infiltrations douteuses dans les barrages, le reboisement pour la protection des bassins versants et le dévasement des barrages sont autant de projets en urgence à réaliser par le comité d'experts installé par le gouvernement depuis deux mois. Soit depuis qu'on attendait ces dernières pluies!.