Une défection qui sonne, ainsi, comme un désaveu des partis politiques qui, tout au long de la campagne électorale, n'ont pas su mobiliser l'électorat. Le scénario était prévisible, au vu de la prestation des partis et des candidats durant la campagne électorale. Même si aucun parti n'a obtenu la majorité, il reste que l'Alliance présidentielle a encore une fois raflé la mise avec 249 sièges, à raison de 136 sièges pour le FLN, 61 sièges pour le RND et 52 sièges pour le MSP. A travers un simple calcul, on se rend compte que le RND et le MSP auront gagné 14 sièges chacun, puisqu'ils avaient respectivement obtenu 47 et 38 sièges lors des législatives de 2002. Une nouvelle configuration politique au sein de l'Alliance présidentielle, qui devrait influer sur la distribution des portefeuilles ministériels. Mais le principal enseignement à tirer de ce scrutin, c'est le revers que viennent de subir les partis politiques. En effet, un tiers seulement des Algériens, soit 36,51% d'électeurs, se sont rendus, jeudi, aux urnes pour élire la sixième Assemblée. Une défection qui a mis dans l'embarras les autorités du pays, mais aussi démenti les pronostics de certaines formations politiques, qui prétendaient s'adjuger la majorité des sièges. Une défection qui sonne, ainsi, comme un désaveu des partis politiques qui, tout au long de la campagne électorale, n'ont pas su mobiliser l'électorat. Elle dénote une fracture entre les partis politiques et les citoyens. D'ailleurs, et le ministre de l'Intérieur l'a si bien exprimé, le taux de participation devrait inciter les partis politiques à mieux s'adapter aux grandes mutations que connaît la société algérienne. «Le taux de participation a démontré que le citoyen algérien était davantage exigeant, mais en même temps qu'il avait l'entière liberté dans son choix», martèle Yazid Zerhouni. Toutefois, le ministre de l'Intérieur qui avait de la peine à trouver un argument valable pour justifier ce faible taux de participation, a, après avoir recouru à la «bouée» des plages, citera l'exemple de l'Italie où le taux de participation aux dernières législatives était de 31%, alors qu'il ne dépasse pas les 40% aux Etats-Unis lors des dernières décennies. Ce serait aller très vite en besogne sachant que le contexte politique dans ces trois pays n'est pas du tout le même. Cependant, la relation de cause à effet fraude-abstention a une fois de plus prévalu au cours de ce scrutin. Le scrutin de jeudi dernier, rappelle, encore une fois, que les réflexes de certains agents zélés de l'administration, ont la peau dure. Des réflexes que nous croyions révolus, mais qui, apparemment, vont encore s'installer, tant que des mesures strictes ne sont pas prises à l'encontre des contrevenants. Par ailleurs, il convient de noter que la lettre du président de la Commission politique de surveillance des élections législatives, Saïd Bouchaïr, adressée au chef de l'Etat, dénote toute la gravité de certains comportements néfastes au processus démocratique. Les cas de fraude avérés sont nombreux. «Ils dépassent le stade de cas isolés», affirme Bouchaïr avant de se rétracter et de conclure à des «cas isolés». Un mérite; c'est la première fois qu'un président de la commission de contrôle des élections saisit le chef de l'Etat pour signaler des dépassements. Même si M.Zerhouni atténue les propos de Bouchaïr, préférant parler de «cas anodins». Il citera, entre autres, «un cas enregistré à Rouïba, plus exactement au bureau 101 où des bulletins de vote ont été découverts avant l'ouverture des urnes». Un autre exemple et non des moindres, c'est l'interdiction par les encadreurs du bureau de vote où le chef de l'Etat avait accompli son devoir électoral, à un observateur dûment accrédité, d'accéder au bureau de vote. Ce qui a fait sortir de ses gonds M.Saïd Sadi qui était allé protester et même sermonner le chef de centre. Une image qui a été, d'ailleurs, diffusée en boucle, durant toute la journée par les chaînes satellitaires. Ce qui n'a pas manqué de ternir l'image de la démocratie en Algérie au plan international. «Si même dans le bureau où le chef de l'Etat a voté, la loi n'a pas été respectée, qu'en est-il des autres bureaux et centres de vote?» s'interroge un journaliste français. Il est clair que ce genre de réflexes ont non seulement jeté l'opprobre sur l'Assemblée nationale, mais aussi asséné un coup dur à la démocratie. Reste à savoir, si les partis politiques, après la débâcle de jeudi, vont enfin se mettre à l'oeuvre et reconquérir l'électorat. Mais parviendront-ils à trouver les arguments pour convaincre?