«Les élections? Connais pas». Cette phrase sur les lèvres de tous les Algérois. Enfin, le jour J est arrivé. Les Algériens vont pouvoir élire leurs représentants à l'Assemblée nationale. Déserte, vide était la capitale, en cette matinée du jeudi. Certains se sont même trompés de jour. «Nous sommes jeudi ou vendredi?» se demandent certains, à juste raison. A juste raison, parce que tous les ingrédients sont là. Alger, en cette matinée ressemble à une ville morte. Le soleil a préféré la grasse matinée que de se découvrir en déchirant le voile brumeux. Les rares amateurs de randonnées pédestres peuvent s'en donner à coeur joie. A travers les rues et ruelles de cette ville-symbole, le bruit de quelques voitures roulant à vive allure, entrecoupe, de temps à autre, le bourdonnement des mouches qui planent au-dessus des trottoirs sales. 8h. Les centres de vote ouvrent grandes leurs portes. L'entrée du centre de vote Jugurtha, au Télemly, est surveillée par la police. Des garde-fous y sont dressés. Affluence zéro. Une heure plus tard. Les premiers vieux arrivent. Les vieilles gens préfèrent consacrer la matinée à faire les courses. Ils arrivent l'un derrière l'autre à intervalle plus ou moins long. Abdelkader, septuagénaire, se présente au centre muni de sa carte nationale d'identité verte, et de sa carte d'électeur, marron-orange. «Je vote pour l'Algérie», affirme-t-il tout fier d'avoir accompli son de L'axe routier reliant Télemly à l'avenue Pasteur, est fermé à la circulation. Tout en bas, à la place Audin, un fourgon de police est à l'affût. Le trafic routier se fait rare. Quelques voitures déchirent, de temps à autre, le silence. En d'autres matinées de la semaine, les arrêts de bus sont gorgés de monde. Néanmoins, aujourd'hui, les voyageurs se comptent sur le bout des doigts. En face des abribus, quelques citoyens, attablés, sirotent leur café en feuilletant les journaux. «C'est une journée gâchée, ennuyeuse, morte qui s'annonce déjà trop mal. Tout ça, c'est à cause des élections» lâche Yazid tout crûment. «Je préfère passer ma matinée sur cette chaise que de me rendre au bureau de vote. Je ne peux pas faire ce geste, tellement j'ai tout le temps succombé aux promesses mirifiques des candidats. Je ne me sens pas concerné par ces élections», ajoute notre interlocuteur, au bout du désespoir. Les mêmes propos sont tenus par la majorité des jeunes rencontrés. A Ferhat Boussaad (ex-Meissonnier), des jeunes, adossés au mur d'un centre de vote, préfèrent discuter plutôt du match qui opposait, jeudi soir, l'Entente de Sétif à Al Fayçali de Jordanie en finale retour de la Ligue des champions arabes de football. La discussion s'anime. «La politique, ce n'est pas notre truc. Et puis, restez avec nous et remarquez les gens qui se rendent dans ce centre. Je vous le dis, il n'y a que les vieux qui votent parce qu'ils n'ont rien d'autre à faire. Les gens s'en foutent éperdument» nous fait remarquer Redha, la trentaine. Le mercure monte de quelques degrés. Les rues, ruelles et boulevards de la capitale grouillent de monde. Les amateurs du lèche-vitrines se livrent à leur activité préférée. Les terrasses de cafés regorgent de gens venus rompre le cou à leur ennui. Néanmoins, rares sont ceux qui se rappellent que cette journée est celle des législatives. A Alger, on se détourne de plus en plus de la chose politique. «Les élections? Connais pas». Cette phrase est presque sur les lèvres de tous les Algérois. Après le 17, c'est le 18. Studieux, le calendrier fait bien son travail.