Les organes politiques de la planification s'avèrent être de simples structures d'études prospectives en Algérie. Encore un retour à la planification. L'économie algérienne, après plusieurs tentatives de transition, est, en fin de parcours, à la croisée des chemins. Le ministre des Finances, Mourad Medelci, a affirmé, hier, qu'une étude de planification de l'économie algérienne sera lancée en juin. Enième épreuve. En termes clairs, le Commissariat à la planification entamera, en juin prochain, l'élaboration d'une étude en profondeur sur la diversification de l'économie nationale à l'horizon 2025. A quoi va servir cette étude? Le comble, cet examen robuste est appelé à être finalisé dans 18 mois seulement. Elle sera menée par des experts algériens et étrangers, à en croire le ministre. Cette équipe d'experts, en quelque sorte, aura pour mission de «donner un éclairage général et précis sur les contraintes et les atouts de l'économie algérienne». Ni plus ni moins. Ainsi, la planification économique, une pratique révolue de la pensée politique algérienne, revient pour demander un accouchement prématuré capable de lézarder la locomotive économique, déjà en perte de vitesse. L'interrogation essentielle est de savoir si le Commissariat à la planification a les moyens nécessaires pour assumer cette tâche? Les organes politiques de la planification, le cerveau penseur de tout Etat, s'avèrent être de simples structures d'études prospectives en Algérie. Et, après quoi, le ministre des Finances ose coller à cette équipe de planificateurs la mission de définir les orientations et un calendrier en vue d'instaurer un développement durable et de réduire la dépendance de l'économie nationale vis-à-vis des hydrocarbures. Tenez-vous bien, cette mission doit être accomplie en 18 mois seulement. En économie, pour résoudre l'équation dite planification économique, il est, tout d'abord, important de décrypter ses principaux inconnus. L'échelon central doit disposer d'informations nécessaires, de temps pour les traiter (prendre les décisions, adapter le plan aux changements de contexte), avoir les capacités de produire un plan aussi complet que nécessaire. Ce n'est pas tout, le cerveau central de la planification doit être en mesure de résoudre les problèmes car, un quelconque plan peut masquer des problèmes et donc empêcher leur résolution. En toile de fond, les évolutions rapides nécessitent réactivité et adaptabilité. En Algérie, qu'on le veuille ou non, la révolution des technologies de l'information n'a pas amélioré la situation du planificateur. Cela dit, l'Algérie risque un autre faux pas coûteux. Car, la planification n'est aucunement un jeu de hasard. Et dire que les résultats escomptés de cette étude devront, d'après le ministre, «nous aider à savoir vers où doit être dirigée la croissance, à mieux définir et utiliser les instruments de régulation et à aider à la prise de décision des opérateurs économiques». C'est justement l'axe névralgique de l'économie. Mourad Medelci, en tant que premier économiste du pays, ne doit point ignorer l'importance de la corde sur laquelle il s'apprête à jouer. Après tout, le mal de l'économie algérienne réside, faut-il le reconnaître, dans la mauvaise planification qui a fait perdre à l'Algérie beaucoup de temps et beaucoup de ressources. La preuve, depuis le renoncement, au régime socialiste, l'Algérie est restée dépendante des hydrocarbures, tandis que les entreprises, souvent «destructrices» de richesses, continuent à produire à perte. Le ministre a souligné aussi que l'étude en question «sera adossée aux autres instruments de planification et d'encadrement du développement du pays, récemment adoptés par le gouvernement». Il s'agit des 18 fameux schémas directeurs à l'horizon 2025, mais dont la plupart demeurent encore à l'état de conception.