Ces événements reviennent comme pour nous rappeler le manque de sécurité prévalant dans nos cités universitaires. La cité universitaire CUB 3 de Bab Ezzouar, à Alger, a été, dans la nuit de samedi à dimanche dernier, le théâtre de violentes escarmouches entre deux groupes d'étudiants. Ces échauffourées se sont achevées par l'arrestation de pas moins de quatorze étudiants qui, à en croire certaines sources, se trouvent encore au niveau du commissariat de Bab Ezzouar. Les témoignages recueillis sur les lieux indiquent que les faits remontent à la nuit de vendredi dernier, lorsqu'un groupe d'étudiants algériens a passé à tabac un autre étudiant noir africain. Celui-ci, se sentant dérangé par le tapage nocturne produit par un groupe d'étudiants algériens, occupant une chambre mitoyenne à la sienne, les a sollicités à diminuer le volume de leur radio et faire moins de bruit. Prenant mal la demande de leur voisin, ceux-ci réagissent sur le coup en le passant à tabac, avant de le déshabiller. En guise de représailles, le ressortissant africain n'a pas trouvé mieux que de solliciter l'aide de ses compatriotes. Ces derniers, se sentant touchés dans leur amour-propre, réagissent vivement. Par ailleurs, d'autres sources parlent d'un groupe d'étudiants, de nationalité congolaise, qui auraient déshabillé un étudiant algérien avant de le prendre en photo. Cela n'a pas été sans provoquer l'ire des Algériens qui ont préféré se faire justice. Les faits s'aggravent lorsque les étudiants algériens placardent des affiches sur tous les murs de la cité en appelant au lynchage de leurs camarades noirs africains. Plusieurs ont répondu à l'appel. Une bataille rangée a eu lieu autour du pavillon où résident ceux qui étaient montrés à la vindicte. C'est alors qu'on signale l'intervention musclée des forces de l'ordre. Ces derniers, pour calmer les esprits chauffés à blanc, pénètrent carrément dans l'enceinte même de la résidence universitaire pour disperser les étudiants en furie. Mais cela n'a contribué qu'à jeter de l'huile sur le feu. La situation devient plus délicate que jamais lorsque les étudiants s'en prennent aux forces de l'ordre qui «ont violé l'enceinte universitaire». Ces derniers font recours alors aux bombes lacrymogènes et à la matraque pour disperser la foule. Les échauffourées qui se sont poursuivies tard dans la nuit, se sont achevées par l'arrestation de quatorze étudiants, et ont provoqué des blessures à d'autres. Hier matin, les choses semblaient reprendre leur cours normal. Toutefois, les étudiants ne comptent pas se taire tant que leurs camarades sont sous les verrous. Contacté hier par L'Expression, l'avocat des accusés, Me Benissad, a affirmé que, jusqu'à hier matin, «les étudiants arrêtés, se trouvaient encore au commissariat». Tout en insistant sur la violation des franchises universitaires dont ont fait preuve les forces de l'ordre, notre interlocuteur indique ne pas pouvoir se prononcer sur l'affaire, ni sur les risques que ces étudiants encourent. Ces événements reviennent comme pour nous rappeler le manque de sécurité prévalant dans nos cités universitaires. Toutefois, selon un responsable de cet Office, «le problème relatif au manque de sécurité dans les cités universitaires ne se pose même pas. Les échauffourées, qui peuvent être enregistrées, ça et là, à travers les différentes universités, sont des choses qui peuvent arriver et qui arrivent dans tous les pays du monde». Par ailleurs, ces escarmouches ayant secoué la cité universitaire CUB3 de Bab Ezzouar, nous rappellent étrangement les événements qui se sont déroulés, en 2005, à l'Institut de l'information et des sciences de la communication de Ben Aknoun, à Alger. Rappelons que ces émeutes se sont soldées par l'arrestation de 26 étudiants.