On joue, vraisemblablement, les prolongations dans ces législatives d'où sont issus les trente-trois élus dits indépendants. Quatorze députés indépendants ont engagé la procédure de ralliement au parti majoritaire au Parlement, le FLN. Avant même qu'ils ne soient installés dans leurs fonctions d'élus du peuple et leurs mandats validés. On joue, vraisemblablement, les prolongations. D'autres candidats ont émis le voeu de faire de même et troquer la casquette, avec laquelle ils se sont faits élire, contre le pin's du parti de Abdelaziz Belkhadem. L'information est donnée par le secrétaire général du FLN et néanmoins chef du gouvernement. L'ex-parti unique a assisté, impuissant, à la conversion de sa majorité absolue à l'APN en majorité simple. Désormais, il est appelé à composer avec les autres. C'est peut-être de bonne guerre de ratisser encore des sièges pour renforcer ses rangs, mais il y a dans cette attitude comme une entorse à la morale et aux principes de la pratique politique. Pour les citoyens, il s'agit là d'une tromperie sur la marchandise. Les citoyens qui ont boycotté, glissé un bulletin nul dans l'urne ou carrément voté pour une liste d'«Indépendants» entendent passer un message fort à l'adresse de cette classe politique en totale déphasage avec ses préoccupations quotidiennes et ses aspirations. L'électrochoc a bien fonctionné à tel enseigne qu'il a créé un vent de panique au sein des états-majors des partis politiques. Les citoyens ont battu en brèche le semblant de confiance qui régnait jusque-là entre le peuple et les élus. Mais, il semble bien que nos (futurs) députés sont incorrigibles. La «gifle» du taux historique de 65% d'abstention n'a pas suffi. A peine le billet du voyage, lieu d'élection-APN, en main voilà qu'ils tournent casaque. Ils détournent des milliers de voix au profit d'une force politique pour laquelle les électeurs n'ont pas voté. Rien ne les empêchait de voter pour le FLN. Ils ne l'ont pas fait. Tant mieux pour la démocratie et tant pis pour le FLN, dirait-on. Ce nomadisme politique est né d'une faille dans la loi électorale et le règlement intérieur de l'APN. Il n'y a, apparemment, pas assez de garde-fous juridiques pour protéger le choix du peuple. Il faut, peut-être, s'estimer heureux de les voir rejoindre un parti politique national et pas des multinationales de la finance! Qui peut les en empêcher? Dès lors, on comprend le pourquoi de l'insistance du patron du RND à faire éliminer cette catégorie de candidats «indépendants» de la course électorale par la voie légale en amendant la loi électorale. Le même avis avait été soutenu par Louisa Hanoune, voyant une entrée par effraction au sein de l'hémicycle de Zighoud Youcef de «têtes de pont» d'une nouvelle classe sociale issue du milieu de la finance et des affaires en quête d'un statut politique et d'une immunité parlementaire très prisée dans le monde des affaires. Le PT a déjà vécu, durant la précédente législature, pareille expérience avec la migration en masse de ses députés vers le RCD. Un véritable canular vite classé dans la rubrique des faits divers de l'APN. Le bulletin de vote qui tombe dans l'escarcelle de ses plagiaires de la fonction de représentants du peuple obéit souvent à des considérations d'ordre plus pécuniaires qu'idéologiques. Ceci nous amène à parler de l'utilité publique de ces micropartis politiques qui jaillissent, soudainement, de façon cyclique, à l'approche des échéances électorales. Leur fragilité idéologique et le peu d'ancrage qu'ils manifestent au sein de la société les amènent à jouer le rôle de lièvres en contrepartie d'un budget électoral très alléchant. Les quelques strapontins qu'ils arrivent à décrocher sont souvent mis aux enchères. De ce fait, moraliser la vie politique devient une urgence pour regagner la confiance des citoyens qui n'admettent plus d'être pris pour les dindons de la farce démocratique. Sinon, comment expliquer le comportement de ces élus qui tendent à détourner la voix des électeurs, donc du peuple, à d'autres fins, si ce n'est pas une autre facette de la fraude électorale. Ils jettent un voile de suspicion sur le profil de candidats portés sur des listes d'«Indépendants» qui ont défrayé la chronique en arrachant 33 sièges au Parlement.