Il a lancé un adieu au village, promettant qu'on ne le reverrait qu'au moment de la veillée de ses obsèques. Le prix Nobel de littérature de 1982, Gabriel Garcia Marquez a retrouvé Aracataca, son village natal. Après un long exil, il est revenu sur les traces de ses racines, vers cette terre perdue dans les montagnes des Caraïbes. Comme pour effectuer un pèlerinage, une manière de s'affirmer et de lutter contre l'oubli. Gabriel est né en 1928, il est journaliste et auteur de cinéma. Il a confirmé puissamment la maîtrise de son talent. Cent Ans de solitude lui apporte la notoriété internationale. L'oeuvre est traduite en plusieurs langues, dans quinze pays. Ses autres ouvrages tels que: L'automne du patriarche, Chronique d'une mort annoncée et autres, ne manquent pas d'égard. Attendu par les siens, lors de son arrivée émouvante, Gabriel s'est offert un bain de foule et de jouvence. C'est ce village, où a éclaté son génie, qui lui a inspiré la saga de cette localité imaginaire de Macondo. Il a transformé en épopée symbolique, de l'Amérique du sud, avec son chef-d'oeuvre Cent Ans de solitude. A bord d'une vieille locomotive à vapeur, accompagné de son épouse et d'un groupe d'amis, Garcia Marquez a revu défiler les immenses plantations de bananes, les nuées de papillons jaunes s'échappant des arbres ou a encore pu humer l'odeur nostalgique de son enfance. «Bienvenue au monde magique de Macondo» signale à l'entrée du village, une gigantesque pancarte installée à l'initiative de la municipalité. «Ce qui nous plait le plus dans ce retour de Garcia Marquez dans sa région, c'est l'espérance qu'il apporte» estime Carmen Rosa Saade, chargée de la culture du département de Magdalena. Pour elle, son message est de mettre la littérature au service du bien-être commun. Certains paysans tendaient à bout de bras leurs stylos dans l'espoir de récolter un précieux autographe. D'autres lui reprochent d'avoir attendu plus de vingt ans, avant de retourner dans son village, devenu un centre d'intérêt touristique grâce au succès de Cent Ans de solitude. Mais ses amis d'enfance comprennent parfaitement cet éloignement à l'image de Guillermo Valencia, un ami d'enfance au collège Montesori. «Je me souviens de l'époque où Gabriel est encore apprenti écrivain. Il a lancé un adieu au village, promettant qu'on ne le reverrait qu'au moment de la veillée de ses obsèques. Mais le revoilà! Même s'il ne le dit pas publiquement, pour lui, retourner dans cette terre où il a grandi, c'est une manière de marcher dans ses pas, cela lui donne à réfléchir sur la proximité de la mort et ça le déprime.» assure Alfredo Correa Garcia, un autre ancien compagnon de Marquez. A l'âge de quatre-vingts ans, et vingt-cinq ans après la remise de son prix Nobel et quarante ans depuis la publication de son chef-d'oeuvre, Cent Ans de solitude dont une édition a été vendue à plus d'un million d'exemplaires Gabriel Garcia Marquez répond à l'appel du coeur.