Sur les traces de ces Européens nés en Algérie et qui se sont donné corps et âme pour sa libération... Après Regards d'en face réalisé en 2003, où le réalisateur s'était intéressé notamment à Maurice Audin, disparu après son arrestation par les parachutistes sous les ordres du général Massu, il prendra vite conscience que très peu de gens connaissent cette figure, mis à part le nom de la place qui porte son nom. Ainsi décida-t-il d'aller sur les traces de ces Européens nés en Algérie et qui se sont donné corps et âme pour sa libération et y sont restés tout naturellement après l'indépendance. Ainsi est né ce nouveau documentaire de Jean Asselmeyer, qui a été projeté la semaine dernière à la salle Ibn Zeydoun. Divisé en deux, Ils ont choisi l'Algérie, acte I a dévoilé en 55 minutes les portraits de ces Français, notamment qui ont participé à la lutte pour l'indépendance. Il y a «ceux qui croyaient au ciel» prêtres, chrétiens engagés contre la torture, amis des «indigènes», il y a ceux qui n'y croyaient pas, militants communistes, étudiants, intellectuels progressistes, d'autres sont restés dans ce pays parce qu'ils ne concevaient pas de vivre ailleurs que sur cette terre de toutes les passions. Ils sont Européens et la plupart ont opté pour la nationalité algérienne après l'indépendance...«Traîtres pour les partisans de l'Algérie française, frères pour ceux d'une Algérie indépendante, oubliés de l'histoire, d'origines italienne, espagnole, française ou maltaise, refusant la logique de la valise ou le cercueil, de ceux qui, comme l'OAS, avaient intérêt à mettre de l'huile sur le feu et qui n'acceptaient pas, contrairement à ce que prévoyait la charte constitutive du FLN de construire ensemble, dans l'égalité, une Algérie fraternelle et généreuse, ouverte à tous, femmes et hommes de bonne volonté.» souligne le réalisateur. Grâce à Annie Steiner, proche du poète Jean Sénac ou Pierre Chaulet qui s'étaient engagés dans le combat aux côtés des patriotes algériens, le réalisateur, Jean Asselmeyer ira à la rencontre de ces gens. Il les accompagnera dans le cadre de leur vie actuelle et évoque leurs joies, leurs peines, leurs déceptions d'hier et d'aujourd'hui, les espoirs de demain. Ils lui raconteront comment ils ont vécu l'indépendance, quel était l'état des lieux de cette société dans leurs réalités locales de cette société coloniale, comment s'est fait le passage de leur statut d'Européens d'Algérie à celui d'Algériens d'origine européenne et les difficultés d'intégration qu'ils ont rencontrées, entre laïcité et islam, statut de la femme, des langues, et quel regard portaient- ils sur cette Algérie pluriculturelle dans un espace méditerranéen d'échanges et de coopération à l'aube du troisième millénaire...Parmi eux, on citera d'emblée, Yvette Maillot, la soeur d'Henri Maillot qui occupe toujours la maison familiale, construite par son père. Yvette nous parle de l'école de son enfance, puis passe émue devant la maison de Fernand Iveton qu'Yvette a, bien sûr, connu. Dans la maison, en bonne place, trône le portait de son frère...mais aujourd'hui, ce qui la préoccupe, c'est l'hommage qui doit lui être rendu sur sa tombe au cimetière européen du quartier du Golf. Retrouvailles, embrassades, il y a beaucoup de monde, bouquets de fleurs, moments solennels, fraternels et chaleureux pour ce fils de l'Algérie. Le documentaire nous dévoile aussi la figure du père Denis Gonzales, d'origine espagnole, enfant d'une famille «algérienne» depuis plusieurs générations. Aujourd'hui il dirige «Caritas International» pour l'Algérie. Dans son bureau sont affichées les photos de tous les religieux et religieuses assassinés par les terroristes islamistes. Il vient d'achever un roman qui évoque un enfant qui grandit avec des petits Arabes, ses amis et compagnons de jeu, un peu son histoire..Aujourd'hui il a engagé toutes ses forces pour venir en aide aux défavorisés, notamment aux victimes du tremblement de terre de Boumerdès de mai 2003, auprès de l'association SOS Bab El Oued....Mais il reste tant d'autres personnalités à découvrir: Maurice Baglietto dit Momo, cet homme attendrissant derrière ses ruches d'abeilles, Jean-Paul Grangaud, celui qui aida le FLN en le fournissant en médicaments, soins et en transportant des combattants recherchés. Professeur de médecine, il est le père de la pédiatrie algérienne. Il a formé des générations de médecins qui ont tous été marqués par sa déontologie, ses principes éthiques...Entre passé et avenir, tous ont décidé de se tourner vers l'avenir en adoptant la nationalité algérienne, comme le dit le commentaires à la fin du documentaire. Une solution qu'ils préconiseront tous par amour de l'Algérie...Réalisateur de documentaire, ayant fait ses armes à la télévision de la Bayerische Runsfunk à Munich, Jean Asselmeyer compte à son actif plusieurs documentaires ainsi que des sujets pour Arte. Il prépare actuellement un documentaire de 90 minutes sur le plasticien Rachid Koraïchi et un autre sur l'histoire populaire du Festival de Cannes.