Le Président de la République envisage de convoquer les deux Chambres pour l'introduction d'un amendement au plus tard le 30 mars. Les députés, appelés à voter les quatre ordonnances présidentielles consacrées à la loi de finances complémentaire, au tarif douanier, au statut des disparus des inondations du 10 novembre et surtout à l'ordonnance modifiant les circonscriptions électorales, étaient concentrés sur le moyen à utiliser, le Président de la République pour introduire tamazight dans la Constitution. Selon certains députés rencontrés dans les coulisses de l'Assemblée, le Président de la République envisage de convoquer les deux Chambres pour l'introduction d'un amendement au plus tard le 30 mars. C'est le Palais des nations à Club-des-Pins qui pourrait abriter cette réunion qui regroupera aussi bien les députés de l'APN que les sénateurs du Conseil de la nation. Pour les députés rencontrés à l'APN, la constitutionnalisation de la langue amazighe est un premier pas positif pour le règlement de la crise en Kabylie. Un avis que ne partagent pas les parlementaires du RCD et du FFS qui, pour une fois, font front commun pour boycotter la séance de vote des ordonnances et dénoncent l'utilisation d'une APN préfabriquée pour les besoins exclusifs du pouvoir. Même les partis les plus conservateurs ont salué la décision du chef de l'Etat. C'est le cas, notamment, du député Djahid Younsi, du mouvement Islah de Djaballah, qui reste convaincu que tamazight doit être enseignée et écrite avec des caractères arabes. Un autre débat qui risque de soulever une polémique linguistique encore plus complexe. Pour Djelloul Djoudi et Mustapha Benmohamed du PT, cette reconnaissance officielle et l'introduction dans la Constitution de tamazight en tant que langue nationale, sont déjà un premier pas et une première victoire pour les partisans de la cause berbère. En revanche, quelques députés du MSP ont soulevé le problème de la procédure. En effet, selon eux, ce n'est pas le Président de la République qui décrète que la langue amazighe est nationale. Le Président, souligne le député du MSP, a, selon la Constitution et l'article 176, deux possibilités pour introduire un amendement. Le référendum ou le passage par les deux Chambres, le Président a choisi la seconde solution. Le député du MSP souligne enfin, que c'est le Conseil constitutionnel qui aura le dernier mot dans ce problème strictement politique. En dépit de l'avis des uns et des autres, les députés auront, à coup sûr, une nouvelle et dernière tâche à accomplir pour le Président et ce, avant la clôture officielle et la fin de leur mandat de parlementaires le 30 avril prochain.