Les parlementaires, qui ont voté pour la criminalisation de l'acte de harraga, seront probablement forcés de lever la main, lors de la session de printemps, pour l'annuler sans aucun commentaire. Le recours aux ordonnances présidentielles ne sera pas écarté. Le président de la République va probablement saisir cette période d'intersession parlementaire pour promulguer plusieurs lois par voie d'ordonnance. «Le Président va procéder lors du prochain Conseil des ministres à la promulgation de plusieurs décrets présidentiels», a confié une source proche du dossier. La même source précise que cette réunion sera consacrée beaucoup plus à la présentation et la promulgation des textes sous forme d'ordonnances qu' au programme quinquennal. Le gouvernement travaille déjà sur ce chantier depuis quelques mois. Ces textes porteront entre autres sur des amendements de certaines lois. Il s'agit de la loi sur l'incarcération des harraga, adoptée il y a à peine deux ans par le Parlement. Et de la loi sur la lutte contre la corruption de février 2006. Compte tenu de la sensibilité de ces lois, le chef de l'Etat préfère opter pour l'ordonnance afin d'éviter toute polémique. Ainsi, les parlementaires qui ont voté pour la criminalisation de l'acte de harraga seront forcés de lever la main pour l'annuler sans aucun commentaire. A noter que le vote des ordonnances sera la première mission à accomplir dès l'ouverture de la session parlementaire d'automne le 2 mars prochain. Cette situation n'est guère reluisante pour les «soi-disant» représentants du peuple. Devant les caméras de l'Entv, les parlementaires vont désavouer par leur propre vote. Ce n'est pas la première fois que les députés votent contre une loi qu'ils ont soutenue et adoptée. C'est devenu même une pratique courante dans la législation. La loi sur les hydrocarbures de 2005 en est la preuve concrète. Ce qui remet en cause évidemment le rôle du pouvoir législatif dans la vie politique nationale. Face à des députés passifs, le chef de l'Etat recourt souvent aux ordonnances. Il saisit le congé du Parlement pour promulguer des lois par voie d'ordonnance. Durant la session d'automne, les députés n'ont débattu que le projet de loi de finances 2010 en validant les ordonnances présidentielles. Jamais l'activité parlementaire n'a été aussi plate. Alors que la situation bouillonne sur le front social, les représentants du peuple ont complètement déserté le terrain laissant le citoyen livré à lui-même. Ce n'est pas tout. Censés contrôler les deniers publics, les députés observent un silence radio sur les scandales de corruption qui éclaboussent des départements ministériels. Par ailleurs, en plus des décrets présidentiels, le prochain Conseil des ministres validera le nouveau Plan quinquennal 2010-2014. Doté d'un budget de 150 milliards de dollars, ce programme sera mis sur rail très prochainement, soit avant le mois d'avril prochain. A l'occasion de son coup d'envoi, le chef de l'Etat convoquera les cadres de la nation à une réunion au Palais des nations. Avec les scandales qui se multiplient dans le fond et la forme, la sortie du Président promet d'être fracassante. Connu pour son franc-parler, le premier magistrat du pays n'hésitera pas à mettre en garde ses cadres contre tout éventuel dépassement ou détournement des deniers publics.