L'avènement de Bouteflika n'a pas profité au FLN sur le terrain des associations apolitiques. Un fait tout à fait anodin. Deux responsables d'associations sont invités à la séance d'ouverture du conseil national d'une autre association féministe. Les deux hommes prennent la parole. Le premier, Mohamed Alioui, tendance FLN, est président de l'Union des agriculteurs et paysans algériens (Unpa). Le second, Khalfa M'Barek, tendance RND, est secrétaire général de l'Organisation nationale des enfants de moudjahidine (Onem). Le premier conseille à Nouria Hafsi, secrétaire générale de l'Union nationale des femmes algériennes (Unfa), de mettre l'organisation à l'abri des querelles partisanes. Le second s'emporte et rappelle, à qui veut l'entendre, l'historique des associations puis du parti qui sont restés debout durant la tragédie nationale pendant que d'autres...Il ne termine pas sa phrase. Cet incident a suffi pour mettre le feu aux poudres. Mme Hafsi essaie, toutefois, d'arrondir les angles en rappelant qu'elle a adressé l'invitation à Belkhadem et Ouyahia, mais ils ne sont pas venus. Ils sont représentés par des membres de la direction des deux partis, présents en force à la cérémonie de Sidi Fredj. Ils viennent faire acte de présence; acte qui révèle la nature de la rivalité qui oppose le FLN au RND pour le contrôle des organisations apolitiques. Il faut remonter à la période Zeroual, marquée par la création du RND, à la suite du litige entre syndicats et famille révolutionnaire qui a tourné en faveur de cette dernière, après l'assassinat de Benhamouda. A commencer par la guéguerre au sein de la famille révolutionnaire où une lutte farouche se déroulait entre les deux partis. Le RND s'était accaparé l'imposante Organisation des moudjahidine (ONM), depuis que Kafi avait décidé d'entrer au HCE pour prendre ensuite la présidence de l'Etat. Mais le FLN avait gardé le contrôle des secrétariats nationaux et régionaux. Ce dernier s'est contenté, cependant, des deux organisations facultatives des enfants de chouhada, l'Onec de Tayeb Houari et la Cnec de Khaled Bounedjma. Le RND a ravi l'Unfa dès sa création, en février 1997. La Centrale syndicale est restée le profil bas mais sous domination du RND. Les mouvements de jeunes et estudiantins sont plutôt de tendance FLN ainsi que l'Unpa (des agriculteurs) pendant que l'Ugca (des commerçants) est reprise par le FLN. Mais la récolte est très maigre. L'avènement de Zeroual avait, indéniablement, profité au RND. Il y avait une volonté de substitution du FLN par le RND en tout point de vue. Mais l'avènement de Bouteflika n'a pas profité au FLN. Il est vrai que le FLN bénéficie des largesses du pouvoir, depuis 1999, mais n'a pas pu reprendre le contrôle des «organisations de masse» ni des médias lourds. On dira que le FLN n'a pas pu. Le remplacement de Ouyahia (RND) par Belkhadem (FLN) n'a pas, non plus, servi le FLN puisque ce dernier a perdu la majorité confortable à l'APN. L'épisode du renouvellement du Sénat a mis en évidence cette défaillance. L'administration chavire entre les deux. Sur le terrain des organisations, le FLN tente des incursions sans pouvoir pour autant pénétrer les fortifications du RND. Le FLN s'installe alors dans une guerre d'usure, par l'infiltration des bases arrière de l'adversaire, par le contournement de ses positions, pour reprendre enfin possession des organisations qu'il avait perdues quand il faisait de l'opposition.