De notre correspondant à Constantine Nasser Hannachi Censé jouer le rôle d'un cordon ombilical entre les pouvoirs public et la société civile, le mouvement associatif baye aux corneilles à Constantine. A l'exception de quelques initiatives, par-dessus tout isolées, sinon cadrées dans un microcosme de poudre aux yeux pour pérenniser leurs acteurs, la capitale de l'est compte autant d'associations dont la majorité sont inertes. D'aucuns estiment que cette frange de «bénévoles», comme le stipule la réglementation, verse beaucoup plus dans les revendications que dans l'intérêt de la prise en charge effective des préoccupations des citoyens. La notion de solidarité est exprimée en dates précises (Aïd, Ramadhan). Soit des haltes d'aides, mais qui restent centrées au chef-lieu. Le dernier recensement fait état de l'existence de 2 800 associations dans la wilaya de Constantine activant dans divers domaines (culturels, religieux). Une première sentence a été prononcée en 2008 à l'encontre des associations n'ayant pas renouvelé leur bureau lors d'une session de l'Assemblée populaire de wilaya. Une façon de mettre à niveau des potentialités présentes sur terrain et non des «demandeurs de subventions», comme l'a souligné à maintes fois le wali. Ce dernier a ainsi jugé utile de décentraliser cette action pour la répartir à travers les localités dans le but de renforcer chaque localité en usant de la présence d'une force de proximité apte à secouer le cocotier des administrations locales. Ainsi, on a opté pour la création d'un conseil consultatif au niveau de chaque daïra et commune qui vise à relancer l'activité associative dans les institutions étatiques en tenant compte de la spécificité de chaque mouvement. «Le conseil sert de pivot entre les associations et les pouvoirs publics afin que ces derniers puissent prendre connaissance des préoccupations des citoyens.» Par ailleurs, la nouveauté apportée par ce mode de gestion du mouvement associatif réside dans la longévité. Aucun membre de bureau d'une quelconque association ne devra exercer plus de deux ans. A ce titre, on évoque les éternels bureaux d'associations n'ayant fait que rarement l'objet de renouvellement, et des agréments circulent sans être «résiliés» faute d'un renouveau, voire d'une présence aux côtés des citoyens. Par ce nouveau découpage, «chaque alliance opère au niveau de son secteur urbain respectif», confie le directeur de l'action culturelle de la municipalité. Le chef-lieu renferme près de 800 associations dont la majorité s'occupent d'activités sportives, culturelles et de jeunesse. Elles sont subventionnées annuellement par l'APC en plus d'une autre manne octroyée par la wilaya. Toutefois, cette nouvelle classification du mouvement associatif à Constantine, pour lequel les responsables locaux ont mis en place tout un canevas de textes pour le régir, devrait passer au peigne fin les anciennes listes des associations enregistrées au niveau de la DRAG. «On a installé notre bureau consultatif communal. Cependant, c'est du ressort des autorités de revoir la copie des nouvelles listes», précise un cadre local. A vrai dire, c'est un véritable coup dans la fourmilière que vient de donner le chef de l'exécutif en vue de séparer le bon grain de l'ivraie. Autrement dit, n'aider que les associations entreprenantes. Toutefois, la régénération tarde à voir le jour et l'on demeure dans l'expectative d'une liste exhaustive des associations «retenues» pour être représentatives qualitativement bien que des vannes des ressources financières soient obturées jusqu'au tri final. L'obligation d'un conseil consultatif permet une rotation et une animation quasi-présente au sein des associations, alors que les réunions périodiques n'ont pas lieu. La raison ? La vague de contestations ayant ébranlé l'APC de Constantine en juillet dernier aurait freiné cette coordination. D'un côté, l'APC a tenté la récupération politique «d'une partie du mouvement» pour contrecarrer l'aura FLN. «Nous demeurons un conseil consultatif ouvert à toute proposition émanant des autres associations existant à Constantine. Sans exclusion, nous cherchons à épauler la population pour solutionner les divers problèmes auxquels elle est confrontée», soutient M. Zitouni Mohamed Larbi, président du conseil consultatif, élu au mois de mai dernier en présence de 63 représentants d'associations. Et notre interlocuteur d'ajouter : «Le conseil demeure apolitique et ne doit servir que la société civile. Inutile de lui mettre des bâtons dans les roues, car il s'agit de l'intérêt général.» Sur un autre angle, notre interlocuteur précisera que, jusqu'à maintenant, il fonctionne sans agrément et sans subventions. «Il faudra attendre l'élargissement du mouvement affilié à la wilaya pour accoucher de mesures relatives aux mannes.» Ainsi, contre vents et marées, l'actuel conseil est actif, en témoignent les actions qu'il a menées lors des dernières intempéries. Aussi, il appuie les grands chantiers engagés dans la capitale de l'est pour sensibiliser les citoyens sur le développement de leur cité. Pour mener à bien sa mission, le président sollicite notamment les autorités pour des moyens basiques de travail en attendant la mise en place du bureau comme stipulé par la loi. Le conseil consultatif installé dans chaque municipalité compte relancer l'esprit de solidarité et de bénévolat avec une nouvelle touche en filigrane qui appuie les divers projets engagés dans la cité millénaire. Pour peu que les intentions se répercutent positivement sur le cadre de vie du citoyen…