Le feuilleton du rond à béton irradié, qui a défrayé la chronique, ne manquera pas de ressurgir lors du procès Le séisme de Boumerdès n'a pas encore livré tous ses secrets. Quatre ans après la tragédie, des questions restent en suspens. Ces dizaines d'immeubles qui s'étaient effondrés comme des châteaux de cartes, ne sont, en fait, que la face visible de l'iceberg. Qui en est responsable? Va-t-on, encore une fois charger des lampistes ou, au contraire, aller au fond des choses. Au-delà de la qualité de la construction, n'y a-t-il pas d'autres «ingrédients» à l'origine de la tragédie? Sans doute. Le feuilleton du rond à béton irradié qui a défrayé la chronique ne manquera pas de ressurgir lors du procès qui se tiendra le 26 juin à la salle de conférence de l'université M'hamed Bouguerra, le tribunal criminel près la cour de Boumerdès, ne pouvant accueillir le nombre important de prévenus. Ils sont pas moins de 38 appelés à comparaître et surtout à répondre des chefs d'accusation retenus contre eux. Parmi eux 20 sont sous contrôle judiciaire et 17 ont bénéficié de la liberté provisoire. Les chefs d'accusation retenus contre eux sont: homicide involontaire, négligence et fraude sur la qualité et les quantités des matériaux de construction. Ils sont, pour la plupart, des entrepreneurs publics et privés, responsables de bureaux d'études, des directeurs d'entreprise de gestion immobilière, des ingénieurs et techniciens du secteur de l'habitat. Ils devront s'expliquer sur les charges qui pèsent sur eux afin de situer les responsabilités sur ce qui s'est passé en cette sinistre date du 21 mai 2003 à Alger, mais surtout à Boumerdès où l'on a dénombré l'effondrement de 15.000 logements et 400 infrastructures et la mort de 1459 personnes selon un décompte officiel. Nous apprenons, de sources bien informées, que les avocats de la défense auraient exigé la présence d'anciens ministres de l'Habitat, faute de quoi, ils boycotteraient, le procès. Par ailleurs, une quarantaine de témoins seront également appelés à la barre, à savoir de hauts cadres du ministère de l'Habitat, dont une quarantaine de témoins. Le parquet a, d'ores et déjà, adressé, il y a quelques jours, des convocations à comparaître aussi bien aux inculpés qu'aux témoins dans cette affaire. La non-comparution des inculpés à l'audience fera l'objet de mandat d'arrêt, apprend-on de sources judiciaires. A noter que d'après l'arrêt de renvoi de la chambre d'accusation, contenant les témoignages de spécialistes, comme le directeur du Craag, M.Yellès Chaouche et le Dr Chelghoum, spécialiste du génie antisismique, les matériaux de construction utilisés étaient de très mauvaise qualité. L'absence de contrôle n'a fait, dès lors, qu'amplifier la catastrophe. Il convient de rappeler que l'affaire était enclenchée un mois après le séisme lorsque le ministre de l'Habitat, de l'époque, avait déposé une plainte au niveau du parquet de Boumerdès. Après plusieurs mois d'investigations et d'interrogatoires, le commandement de la Gendarmerie nationale a envoyé au procureur général près la cour de Blida un volumineux dossier de plus de 1500 pages et 56 boîtes d'archives contenant des documents techniques très compromettants pour certains et sur la base desquels la justice a pu entreprendre son travail d'instruction qui a abouti à l'inculpation des prévenus. Du pain sur la planche pour les magistrats, qui auront, à l'issue de deux semaines d'audience de reconstituer le puzzle et de situer les responsabilités en leur âme et conscience.