Aujourd'hui et demain, les Européens auront des réunions assez difficiles avec, notamment la discussion sur les réformes institutionnelles Le Sommet européen qui se tient ces jeudi et vendredi à Bruxelles, s'annonce des plus difficiles, tant les oppositions entre membres semblent inconciliables sur les sujets de fond qui concernent l'avenir de l'Union européenne. Les 27 chefs d'Etat et de gouvernement devront se prononcer sur les réformes institutionnelles et la révision du budget pour 2008, principaux thèmes retenus à l'ordre du jour de ce Sommet. Tout porte à croire que l'on s'achemine vers une impasse politique. C'est que le ton a, déjà, été donné lors de la rencontre des ministres des Affaires étrangères de l'Union européenne, tenue à Strasbourg, le 17 juin dernier. Ainsi, la Grande-Bretagne, par la voix de son ministre, Mme Margaret Beckett, a déclaré: «Nous ne saurons dépasser une certaine marge de tolérance dans les négociations sur un nouveau traité.» Elle a cité l'exemple du poste de ministres des Affaires étrangères de l'Union européenne que la Grande-Bretagne rejette, estimant que chaque pays devra conserver sa liberté de décision et son autonomie sur les questions de politique étrangère et de défense nationale. De plus, la Grande-Bretagne rejoint en cela par les Pays-Bas, ne veut pas de la charte des droits fondamentaux, du moins dans sa mouture actuelle. Tony Blair, voit dans cette charte une remise en cause de la législation sociale anglaise et de son code du travail. Il souhaite, par ailleurs, que le droit de veto soit maintenu sur les questions de police et de justice. «Nous souhaitons renforcer le rôle des Parlements nationaux. Nous devons considérer le voeu exprimé par les électeurs néerlandais qui ont dit, non, au projet constitutionnel» a expliqué, de son côté, le ministre des Affaires étrangères hollandais, M.Maxime Verhagen. Dans ce cas, on ne voit pas comment l'axe franco-allemand, volontaire pour un traité simplifié pourrait s'imposer aux autres pays. Si l'on ajoute l'intransigeance de la Pologne sur le système de vote au sein de l'Union, il est clair que la réforme institutionnelle n'est pas pour demain. La Pologne ainsi que la Tchéquie, d'ailleurs, tiennent au vote proportionnel au poids de la population contenue dans l'actuel traité, dit, «Traité de Nice». Ces pays s'opposent à la proposition germano-française, soutenue par l'Italie et l'Espagne par exemple, et qui consiste en un vote basé sur la double majorité qualifiée sur les politiques communes. Le 17 juin, à Strasbourg, la ministre polonaise des Affaires étrangères, Mme Anna Fotyga, a été directe: «Nous ne pouvons accepter un tel traité» a-t-elle déclaré à l'issue de la réunion. Sentant les antagonismes des uns et des autres, c'est la ministre autrichienne, Ursula Plassnik, qui a été la plus lucide, avertissant: «le système de vote est le coeur du nouveau projet. Si vous supprimez un élément, tout le projet tombe dans l'impasse» a-t-elle résumé. Avec autant de désaccords, comment les 27 chefs d'Etat et de gouvernement vont-ils s'en sortir? Les observateurs de la scène européenne estiment que l'on s'achemine vers «un mandat» ouvert pour l'Allemagne, en collaboration avec la Commission européenne, aux fins de réunir une Conférence intergouvernementale. Ses conclusions seront discutées, lors du Sommet de décembre 2007, sous la présidence portugaise de l'Union. Quant au problème de la révision du budget, le problème sera résolu, tant que la France gardera le privilège des 40% des subventions, la Grande-Bretagne aura son rabais (sur sa participation au budget de l'Union) de l'ordre de 5 milliards d'euros par an. Avec une telle ambiance, une satisfaction pour les nombreux journalistes qui seront présents: le plaisir de voir et d'écouter un nouveau venu, M.Nicolas Sarkozy, et ses ambitions de révolutionner l'Union.