Les Européens ont vécu, en 2008, une année marquée par un agenda d'une présidence slovène riche en événements dont la crise institutionnelle, provoquée par la victoire du "non" au référendum irlandais sur le traité de Lisbonne, une présidence française caractérisée par l'Union pour la Méditerranée (UPM) et une crise économique qui a mis à mal les perspectives européennes. Bien qu'il soit reconnu à la Slovénie le mérite d'avoir mené à bien les priorités fixées pour sa présidence de l'UE, il demeure, néanmoins, que le rejet du traité de Lisbonne par l'Irlande, seul pays à avoir eu recours à la voie référendaire, a semé le trouble au sein de l'Union européenne. Le "non" irlandais à ce traité, signé par les Etats membres de l'Union européenne en décembre 2007, est certainement l'événement le plus marquant des six mois de cette présidence, qui avait mis en chantier, outre la ratification du traité de Lisbonne, le nouveau cycle de la stratégie de Lisbonne, le paquet "énergie-climat, la Politique européenne de voisinage et l'avenir des Balkans et la promotion du dialogue interculturel. Elle a également réalisé des avancées importantes sur le plan législatif en lançant des discussions entre les vingt-sept partenaires européens sur les grands dossiers, tels que le temps de travail ou l'harmonisation des législations nationales en matière de retour des immigrés illégaux. Sur ce dernier point, soit la directive "retour", il est opportun de rappeler que ce texte adopté le 18 juin dernier, en première lecture, et qui vise à fixer des normes minimales en matière de reconduite à la frontière des étrangers en situation irrégulière, a été adopté malgré de nombreuses réactions au sein de la société civile, qui l'a appelé "la directive de la honte". Sous Présidence française, ce texte a constitué un préalable à l'adoption par les vingt-sept d'un Pacte européen sur l'immigration et l'asile. S'agissant de la Présidence française, à qui incombait la gestion de l'UE durant la deuxième partie de 2008, le parachèvement de ces dossiers, et le lancement de nouveaux, comme celui du projet de l'Union pour la Méditerranée (UPM), ont été sans nul doute difficiles, intervenant dans un environnement compliqué par, non seulement la crise institutionnelle, mais également par la crise économique.Au plan interne, combien même les résultats obtenus, lors du dernier Conseil de l'UE le 12 décembre dernier, n'ont pu l'être que grâce à des compromis que la France a pu conclure avec ses partenaires européens, il demeure néanmoins, selon les analystes, que des "accords clés", ont pu être forgés, sur tous les dossiers d'importance pour l'UE dont notamment la création de l'UPM. Les dirigeants européens sont ainsi parvenus, durant leur dernière réunion au sommet de deux jours, à s'accorder sur les moyens d'atteindre les objectifs ambitieux de l'Union en matière de lutte contre le changement climatique. Ils ont par ailleurs entériné un plan de 200 milliards d'euros destiné à relancer l'économie européenne fragilisée. Un accord a également été trouvé avec l'Irlande en vue de la ratification du traité de Lisbonne. En ce qui concerne le traité de Lisbonne, l'Irlande a accepté d'organiser un second référendum l'année prochaine, lorsque les inquiétudes de la population irlandaise auront été apaisées. Le rejet du traité lors du référendum du mois de juin a provoqué la suspension de la réforme tant attendue des institutions de l'Union européenne. De son côté, l'UE a répondu aux inquiétudes des irlandais sur les conséquences du traité sur leur politique fiscale, sur leur neutralité militaire ou sur les questions éthiques, telles que l'avortement, le Conseil a fourni des garanties juridiques selon lesquelles le traité ne porterait pas atteinte à la souveraineté du gouvernement irlandais sur ces questions. Les Irlandais ont également refusé le projet de réduction du nombre de membres de la Commission européenne, qui aurait pour conséquence que les Etats membres, dont l'Irlande, ne disposeraient plus automatiquement d'un commissaire européen chacun. Le Conseil a accepté de prendre les mesures juridiques nécessaires pour que chacun des 27 Etats membres de l'Union européenne puisse continuer à envoyer un commissaire à Bruxelles, en cas d'entrée en vigueur du traité. Pour rappel, le traité dont la date d'entrée en vigueur était fixée pour début 2009, devrait doter l'UE d'un texte unique qui remplacerait tous les anciens traités : les deux traités "fondateurs" (le traité de Rome de 1957 sur la Communauté européenne, le traité sur l'UE de Maastricht en 1992), comme les traités d'Amsterdam (1996) ou de Nice (2000). Au volet économique, pour faire face à une récession perceptible, l'UE a adopté un plan de relance qui combine actions nationales et politiques européennes. Ce plan propose des mesures s'élevant à 200 milliards d'euros pour soutenir le pouvoir d'achat et créer de la croissance et de l'emploi. Ces mesures à court et à long terme, qui visent à apporter une réponse coordonnée à l'aggravation de la crise économique, représentent 1,5 % du PIB de l'UE. L'UE va accélérer la distribution des fonds régionaux et sociaux, qui représentent 6,3 milliards d'euros. Le plan prévoit également de donner un plus grand rôle à la Banque européenne d'investissement dans le financement de projets de grande ampleur. La BEI a déjà constitué une enveloppe de prêts de 30 milliards d'euros pour aider les PME éprouvant des difficultés à obtenir des crédits. L'autre dossier sur lequel les 27 se sont accordés est relatif au paquet énergie climat. Même si les objectifs de départ sont maintenus (améliorer l'efficacité énergétique de 20 %, porter à 20 % la part de renouvelable dans la consommation finale d'énergie et réduire de 20 % les émissions de CO2 par rapport à leur niveau de 1990), certaines propositions de la Commission européenne de mars 2007 ont du être assouplies afin de répondre aux inquiétudes et revendications de certains pays récalcitrants, l'Allemagne, l'Italie et les pays d'Europe centrale notamment.La mise en place notamment d'un mécanisme d'enchère des quotas d'émissions, visant à réduire de 21 % les émissions de gaz à effet de serre de l'industrie, sera progressive. Les industriels devront acheter 20 % des quotas d'émissions à partir de 2013, 70 % en 2020 et 100 % en 2027.