Réunis depuis jeudi soir à Bruxelles, les 25 chefs d'Etat et de gouvernements de l'UE ont conclu, vendredi soir, à la prudence quant aux perspectives de l'élargissement de l'Union et ont mis, par contre, l'accent sur l'urgence des réformes de ses instruments constitutionnels. « Le rythme de l'élargissement doit tenir compte de la capacité d'absorption de l'Union ... Et il importera à l'avenir de veiller à ce que l'Union soit en mesure de fonctionner politiquement, financièrement et institutionnellement lorsqu'elle s'élargit », est-il affirmé dans la déclaration finale de ce sommet. Il faut dire que les premiers responsables de l'Europe ont pris en considération les rejets par voie référendaire, en 2004, du projet de constitution de l'UE par les Français et Néerlandais. Le chef de l'Etat français, Jacques Chirac, a déclaré clairement qu'« il est capital de recueillir le soutien des citoyens à la poursuite de l'élargissement ». Autrement dit, il faudrait désormais le vote des citoyens européens pour toute nouvelle adhésion. Sachant qu'il faut l'unanimité des Etats membres pour toute adhésion, il est possible de croire que l'UE va s'arrêter aux 25 membre actuels. Même les candidatures de la Roumanie et de la Bulgarie, prévues le 1er janvier prochain, ont été reportées pour le 1er janvier 2008, avec pour obligation de performances politiques et économiques draconiennes. La Croatie se trouve dans le même cas. Quant à la Turquie, dont l'éventuelle adhésion et prévue pour 2015, elle voit s'éloigner sérieusement ses chances de rejoindre la famille européenne un jour. Le deuxième sujet qui a retenu l'attention des gouvernants européens a été celui de la nécessaire dotation de l'Union d'une Constitution d'ici à 2008. L'exécutif européen, la Commission, a été dans ce sens chargé de préparer un avant-projet de traité constitutionnel. Point de « Convention », comme ce fût le cas pour le premier projet. Ce seront les gestionnaires de l'Union qui se chargeront de la besogne. Si la Commission n'aura pas trop de difficultés à « fabriquer » un instrument technique de conduite des affaires européennes, il lui sera, en revanche, plus difficile de trouver le consensus autour des questions idéologiques ou culturelles. Rappelons-nous les désaccords qui ont opposé les partisans d'origine judéo-chrétienne aux laïcs dans le préambule du premier projet constitutionnel. Pour l'heure, l'UE continue de fonctionner sur la base du traité de Nice, lequel par sa complexité et son volume (plus de 25 000 pages ) n'en constitue pas moins le principal obstacle à un fonctionnement fluide et visible. Les observateurs n'excluent pas que les conclusions de ce dernier sommet, sous présidence autrichienne, expriment en réalité la volonté de l'Union de stopper à long terme toute nouvelle candidature à l'adhésion, notamment celle de certains pays des Balkans comme l'Albanie (qui vient, par ailleurs, de signer un accord d'association en ce mois de juin) ou la Serbie. Il est vrai que de plus en plus de voix de responsables politiques européens s'élèvent contre l'élargissement de l'Union. Quant aux peuples, les sondages montrent qu'ils ne souhaitent pas accueillir de nouveaux « frères », fussent-ils de même culture et civilisation. Notons enfin, que le sommet de Bruxelles a donné à la Slovénie le feu vert pour son entrée dans la zone euro