Il est prématuré de s'avancer sur ce dossier tant que l'on ne connaisse pas encore les détails du projet. Cette fois-ci, les autorités affirment leur volonté à approuver la création d'une Académie et d'un Conseil supérieur de la langue amazighe. Ces institutions visent à promouvoir et développer le berbère dans toutes ses variétés linguistiques en usage sur le territoire national. Le berbère, ainsi revalorisé, constituera, sans nul doute, une avancée sur le long chemin de la réhabilitation d'une des composantes essentielles de l'identité nationale algérienne, vue le sacrifice des générations à travers la lutte infinie. Mouhia disait: «Une vie culturelle féconde et digne, dépend, en premier lieu, des efforts que fournit chacun d'entre nous pour se réapproprier sa langue maternelle et que l'avenir dépend de la conjugaison des efforts de tous.» Les deux textes sont élaborés en application de l'article 3A de la Constitution, amendé le 12 mars 2002, qui énonce que la langue amazighe est nationale au même titre que la langue arabe en Algérie. La reconnaissance de la langue amazighe en tant que langue nationale survient après un an de manifestation, en Kabylie, en 2002, à la suite des révoltes et réclamations pour sa reconnaissance en tant que langue officielle aux termes de la Constitution. Le nouveau conseil se composera de 13 membres issus de divers ministères, dont celui de la Culture, des Affaires religieuses, de l'Environnement et de l'Education. Les autres membres seront choisis par le président parmi «les compétences nationales». Il comptera, également, quatre enseignants universitaires et deux chercheurs choisis par le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique. «La création d'une Académie algérienne avec un Conseil pour la promotion de tamazight, est un acte de consolidation de la décision historique de la constitutionnalisation de la langue amazighe en 2002», avoue Si El Hachemi Assad. Toujours dans le même cadre, M.Assad enchaîne: «Le président de la République vient de signifier une certaine équité constitutionnelle pour tout ce qui représente l'identité nationale et que tamazight occupe, désormais, une place légitime et naturelle dans l'échiquier institutionnel algérien, la preuve, on passe de la phase de la réhabilitation à la promotion et à la normalisation de la langue et de la culture amazighes.» Pour le reste, le geste du président est courageux et d'une grande importance. Mais il est prématuré de s'avancer sur ce dossier tant que l'on ne connaisse pas encore les détails du projet ainsi que la composante de ces institutions et leur mission.