Le pianiste canadien de renommée internationale donnera, aujourd'hui, un concert bénéfice au profit du jeune virtuose du piano algérien, Mehdi Bilal Ghazi. C'est une rencontre à la fois fortuite et étonnante qui amène Alain Lefèvre à Alger, cette année. Rencontre qui remonte à l'année 2005, lors de sa première tournée de concerts en Algérie. «J'étais à Oran il y a deux ans pour donner un cours de maître durant lequel plusieurs jeunes étaient venus jouer devant moi. Mehdi était l'un d'eux. Lorsque je l'ai entendu jouer, j'ai tout de suite reconnu son talent hors du commun. Je l'ai donc invité à interpréter une pièce lors d'un de mes concerts. Mehdi était très excité. La presse s'est tout de suite emparée de l'histoire et ça a fait boule de neige. Je lui ai obtenu une bourse pour le Centre d'art Orford au Canada.» L'Algérie est, pour Alain Lefèvre, un pays où recèle le talent et la créativité et qui surtout, possède plusieurs points en commun avec le Canada. Plus qu'une simple relation d'amitié, le pianiste s'est donné comme mission d'aider les Algériens à exploiter leur talent et d'être représentés dans un univers dominé par les Européens et les Américains. «Le Canada et l'Algérie ont, en commun une grande modestie et une grande gêne par rapport à la colonisation. Cela prend beaucoup de travail avant que nous soyons fiers de nous. Avant André Mathieu, nous nous demandions toujours si nous étions capables d'avoir de grands compositeurs au Canada. Je crois possible une grande école de musique en Algérie». Il s'étonne, d'ailleurs, de voir des vedettes comme Zidane, devenir le héros d'une nation qui n'est pas la sienne au départ. «Mehdi est Algérien et je veux qu'il le reste jusqu'au bout». Le pianiste qui fonde beaucoup d'espoir en l'Algérie croit que la musique classique ne peut pas stagner dans une tradition immobile et hermétique. «Je suis venu ici pour que les jeunes aient accès à cette musique. Mehdi et tous les autres musiciens comme lui doivent avoir la chance d'être exportés». Ce concert bénéfice dont le but est de soutenir les études de Mehdi Ghazi au Conservatoire de Montréal, est une initiative d'Alain Lefèvre lui-même. Le pianiste se fait, en effet, le devoir de promouvoir la musique classique auprès des jeunes. En 23 ans d'activité, Alain Lefèvre a rencontré 500.000 enfants à travers une trentaine de pays du monde entier. «Mon rêve serait que dans une ou deux années, il existera une bourse qui permettra systématiquement à de jeunes musiciens de venir étudier à Montréal. Il existe, en Amérique du Nord, une nouvelle catégorie de redoutables hommes d'affaires du Maghreb. Il faudra les convaincre d'investir dans l'art.» Mehdi Ghazi sera, lui aussi, en concert à l'auditorium de la Radio nationale à Alger, le 25 juin prochain.