«Si je vous parle du cinéma en Algérie, vous allez pleurer!» entendons-nous en voix off, au début de ce documentaire réalisé par Sihem Merad et Elodie Wattiaux (2007) et projeté, vendredi, à la filmothèque, dans le cadre du ciné-club de l'association Chrysalide. «Le cinéma algérien semble renaître après de longues années de coma», tel est le constat fait par ces deux jeunes réalisatrices, parties explorer l'Algérie d'aujourd'hui via le cinéma en interrogeant certains de ces acteurs qui participent à la construction d'un nouveau stock d'images et à de nouvelles représentations du pays, dévoilant toute la complexité du rapport de l'Algérie avec l'image. La parole est donnée à Mounes Khemmar, réalisateur et producteur (Saphina Film), Boualem Ziani (Sora production), M.Lamarti, gérant de la salle L'Algéria, M.Yazid Khodja, réalisateur et gérant de la filmothèque Zinet et ses fils Adlane et Sofiane qui tentent de suivre ses traces, Yanis Koucim, réalisateur, Habiba Djahnie, réalisatrice et ayant coorganisé via l'association Kaina Cinéma, pendant 4 ans, les rencontres cinématographiques de Béjaïa, un chapitre qui est bien mis en évidence dans ce film et d'autres acteurs et responsables de la culture en Algérie...Au-delà des raisons qui expliquent la léthargie du cinéma algérien, et malgré l'absence d'«une volonté politique» mise en exergue, Sihem Merad et Elodie Wattiaux se sont attelées à rendre compte d'une génération qui s'est prise elle même en main pour faire des images. «Ce qui nous intéressait, explique Sihem, c'était de parler du présent, de ces jeunes qui placent leur espoir sur la création, et tentent de traduire leurs idées et les véhiculer en images...» Elle en donne pour preuve «ces ciné-clubs (de Timimoun, SOS Bab El Oued, Chrysalide...) qui font ramener le cinéma dans les salles, ces individualités qui participent à la canalisation d'une économie malgré le non-investissement de l'etat en ce sens...». «Le cinéma joue le rôle de miroir. Il est un vecteur de développement et de militantisme» dira, à juste titre, Belkacem Hadjadj. Une démarche que nos deux réalisatrices ont bien assimilée, puisqu'elles comptent aller au-devant de leur public pour faire découvrir ce documentaire. Premier rendez-vous pris est pour cet après-midi, à partir de 15h30 à la Cinémathèque algérienne. Un regard, même posé hâtivement sur le cinéma algérien, est à voir.