Des 3000 naissances hors mariage enregistrées en 2006, la toxicomanie est grandement responsable. La toxicomanie constitue l'un des plus grands maux qui rongent une société qui connait des crises économiques et sociales, à l'instar de l'Algérie. A combien se chiffrent les crimes, les suicides, les actes de délinquance, mais aussi les accidents de la route commis sous l'emprise de la drogue? Une interrogation très significative a été posée, hier à Alger, par le professeur Mustapha Khiati, président de la Forem, lors d'une journée d'étude organisée à l'occasion de la Journée mondiale de la toxicomanie. Sans donner des chiffres, le Pr.Khiati insiste sur le fait qu'une grande part des accidents de la route est directement liée à la consommation de la drogue. «On ne parle que de l'alcool. La drogue est complètement oubliée» constate l'orateur lequel accuse l'absence de stratégie et d'objectif bien déterminés. Chiffres à l'appui, Mme. Zohra Boukaoula, psychologue de la Gendarmerie nationale a déclaré qu'une quantité de 3013 kilogrammes de cannabis, 1256,7kg de kif, 79,29gr d'héroïne, 28.000 psychotropes ont été saisis durant les cinq mois de l'année en cours. Durant la même période, 1573 personnes inculpées dans 1032 affaires ont été arrêtées par les différents corps de la Sécurité nationale. Parmi les personnes arrêtées, 1397 sont de nationalité algérienne, 25 appartiennent aux pays maghrébins et 23 sont étrangers. Constat alarmant. Les chiffres parlent d'eux mêmes. L'année précédente, poursuit la psychologue, a connu des chiffres effrayants. Un total de 2654 affaires ont été traitées. Partie prenante dans ces affaires, 1573 individus ont été arrêtés. La frange la plus exposée à ce fléau est constituée d'adolescents âgés entre 18 et 28 ans. A cet âge de la vie où la période du bouleversement physiologique est très profonde, l'expérience de la drogue peut répondre à un besoin de risque, de provocation et de transgression. Abordant le volet juridique du phénomène, M.Makki, directeur exécutif au niveau de la Forem estime que l'arsenal juridique actuel n'est ni adapté ni suffisant pour juguler ce phénomène. La loi n'a jamais considéré la drogue comme un phénomène naturel, précise notre interlocuteur. Et d'ajouter que le consommateur est trop pénalisé. Pourquoi ne pas adopter une dépénalisation du drogué, via la construction des établissements spécialisés qui précédent l'étape de l'incarcération, comme l'a fait la Suisse? a-t-il demandé. Par ailleurs, à cause de la drogue, plusieurs autres phénomènes sont constatés, entre autres, les 3000 naissances hors mariage ont été enregistrées en 2006. Dans la quasi-totalité des cas, la drogue en est responsable. La relation entre la drogue et les maladies qui en résultent est minime, a dit le professeur Bouhamed du CHU de Blida. Au fil du temps, cette relation se transforme en asthénie physique et psychique. Là, les portes des maladies infectieuses telles le sida et les hépatites B et C sont, malheureusement, grandement ouvertes. Les deux premiers cas de sida observés à Alger, en 1985 et 1987, sont étroitement liés à la toxicomanie. Preuves à l'appui, le spécialiste a laissé entendre que 28 malades ayant contracté le VIH par voie intraveineuse ont été suivis entre la période s'étalant de 1995 à 2000. Après des prélèvements sanguins et urinaires, il s'est révélé que 94% des cas souffrent des hépatites B et C. Une dizaine de ces malades sont passés au stade de sida en moins de 10 ans.