Il est de tradition que les membres du conseil national de ce parti, à chaque période électorale, prennent connaissance du message qui leur est adressé par leur leader. Le RCD a décidé de ne pas prendre part aux prochaines élections législatives, Saïd Sadi justifiant la décision prise jeudi dernier, à l'issue d'une convention nationale, par le fait que «les conditions de la libre expression des citoyens ne sont pas réunies tant au regard de la situation sécuritaire que des dispositions de la loi électorale», rapporte l'APS. Lors de sa conférence de presse, le président du RCD a, entre autres, affirmé que les prochaines législatives «ne sauraient être conformes aux aspirations populaires et déboucher sur une représentation nationale légitime». Ce sont là, à en croire l'APS, les arguments développés par Sadi pour motiver la non-participation de son parti à la prochaine échéance électorale. La situation en Kabylie, qui demeure tendue, ne semble pas peser lourd dans la décision de boycott. Les arguments avancés par le RCD n'en sont pas moins éloignés des véritables raisons qui ont poussé la conférence nationale à adopter une telle attitude vis-à-vis du rendez-vous électoral. La décision d'empêcher la tenue du scrutin en Kabylie, prise par les radicaux des ârchs n'est, en fait, pas étrangère à la nouvelle orientation prise par le parti, jeudi dernier. En effet, les ârchs ont mis les formations politiques majoritaires dans la région devant le fait accompli et le ton menaçant utilisé est de nature à décourager les partis, même ceux qui désireraient participer aux législatives. Dans ce contexte, le RCD joue sa survie en Kabylie. Ayant soutenu sans réserve toutes les actions des radicaux, il se retrouve aujourd'hui pris à son propre piège, puisqu'il n'a, pour ainsi dire, aucune influence sur les durs du mouvement citoyen. Ce sont ces derniers qui font l'essentiel de la vie politique en Kabylie. En prenant la décision de boycotter les élections, le RCD ne fait, en réalité, que confirmer la main mise des ârchs sur la situation politique en Kabylie. En ce qui concerne le FFS, en revanche, il s'en dégage une volonté de ne pas se plier aux exigences des radicaux des ârchs. La tentative de marcher avant-hier à Alger témoigne d'une volonté de ne pas se laisser dicter ses positions par quelques animateurs du mouvement et, partant, marquer une certaine autonomie par rapport au mouvement citoyen que le FFS soutient avec beaucoup de réserves. Aussi, le parti d'Aït Ahmed se donne-t-il le temps pour décider de sa participation ou pas aux législatives du 30 mai prochain. Par ailleurs, il est de tradition que les membres du conseil national du FFS, en chaque période électorale, prennent connaissance du message qui leur est adressé par leur leader Hocine Aït Ahmed depuis Lausanne. L'on croit savoir que ce dernier réagira, avant la tenue de ce conseil le 20 mars prochain au dernier discours du Président Bouteflika sur l'introduction de la langue amazighe dans la Constitution et arrêtera la position de son parti pour son engagement ou pas pour les prochaines législatives. La majorité des cadres du FFS considère d'ailleurs que son parti a les capacités de doubler le nombre de ses sièges au Parlement et de devenir le principal parti d'opposition. Cela dit, pour aussi autonome qu'il veut être, le FFS sera tout de même confronté à la fermeté des radicaux des ârchs qui peuvent, le cas échéant, mener campagne contre lui. L'enjeu est donc de taille.