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RCD : en quête d'un second souffle
Les partis à l'épreuve des Législatives 2007
Publié dans El Watan le 04 - 12 - 2006

Parti agonisant pour certains, ayant perdu son ancrage y compris dans son fief traditionnel, la Kabylie, le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) tente de prouver le contraire.
Après avoir passé avec succès le test des partielles en Kabylie, le RCD veut confirmer sa « bonne » santé à l'occasion des prochains rendez-vous électoraux. Les législatives et les locales de mai et d'octobre 2007 sont des opportunités idoines que la formation politique de Saïd Sadi ne veut absolument pas rater afin de revenir au sein des institutions élues où elle pourra mettre en œuvre son programme. Un programme qui vise à consacrer « l'émancipation démocratique dans le pays ». Absent des Assemblées élues (APN, APW et APC) durant le dernier quinquennat, suite au boycott des urnes décidés par la direction du parti en plein événements de Kabylie, le RCD compte y revenir avec force en réalisant de meilleurs scores lors des joutes électorales à venir. Les élections partielles d'octobre 2005 et les résultats obtenus par le RCD semblent avoir donné du punch aux responsables et aux militants de ce parti après cinq années de disette, de doutes et d'incertitudes … Une période tumultueuse où le Rassemblement a connu une saignée au sein de sa direction nationale. En effet, plusieurs cadres nationaux, et pas des moindres, ont claqué la porte du parti. Il s'agit des grosses pointures ayant fait les beaux jours du RCD durant les années 1990. Le parti a-t-il encore les ressources humaines et les ressorts lui permettant de rebondir lors des prochaines épreuves électorales ? Comment se prépare-t-il à ces échéances ? Quelle est la stratégie adoptée pour entrer en compétition ? Avant d'annoncer officiellement sa participation aux prochaines joutes, la formation de Saïd Sadi se prépare avec beaucoup de sérénité. A six mois des législatives, le parti, selon son chargé de communication, Mohcen Belabes, a beaucoup avancé dans sa préparation. « Pour nous, les préparatifs pour les nouvelles échéances électorales commencent au lendemain de chaque élection. Le RCD a entamé sa préparation pour les sénatoriales de décembre 2006, les législatives et les locales de 2007 juste après les partielles en Kabylie », a affirmé notre interlocuteur. L'agenda du parti est très chargé : des rencontres organiques et des sorties publiques ont été, selon lui, organisées à travers le territoire national dans le but de mobiliser les élus et les militants du parti. Ajoutée à cela, l'organisation de l'université d'été du RCD, les 15 et 16 septembre dernier. Cette rencontre était, a précisé Mohcen Belabes, une occasion pour la formation des jeunes militants et l'engagement de débats politiques autour des sujets de l'actualité nationale. Afin de suivre de très près ses actions au niveau local, le RCD tient également des réunions mensuelles avec ses élus dans les wilayas de Tizi Ouzou et Béjaïa. « Ces rencontres nous permettent d'évaluer les activités et les réalisations des élus à travers les APC où nous sommes majoritaires. De leur part, les élus informent la direction du parti des problèmes qui entravent leurs actions et nous tentons ensemble d'apporter les solutions à ces difficultés », a-t-il souligné. Toutefois, le plus dur reste à venir. Le RCD se trouve, en fait, bousculé par deux événements importants : la tenue de son échéance statutaire, en l'occurrence son troisième congrès, et les législatives de l'année prochaine.
3e congrès, « Un rendez-vous pour ressouder les rangs »
Après plusieurs ajournements, la direction du RCD a donc décidé d'organiser son troisième congrès les 8 et 9 novembre 2007. Les responsables du parti se concentreront davantage sur le parachèvement des préparatifs de ces assises qui, selon eux, ne sera pas seulement une simple formalité de mise en conformité avec la loi. Il est prévu ainsi de consacrer le premier mois de l'année prochaine à l'organisation des échéances d'avant-congrès, à savoir l'élection des congressistes, l'organisation du précongrès pour l'émigration et les précongrès nationaux. La programmation de ce rendez-vous, à quelques mois seulement d'une élection nationale, ne perturbe-t-il pas la préparation du parti aux législatives ? S'il est vrai que ce 3e congrès représente un tournant décisif dans la vie du parti, qui pour beaucoup d'observateurs se trouve à la croisée des chemins, au RCD on le conçoit autrement. « Cet événement renforcera notre cohésion », a déclaré le président du parti, Saïd Sadi, devant les membres du conseil national du RCD, le 17 novembre dernier. Ce congrès, selon les responsables du parti, va permettre de dégripper la machine électorale. Ils tablent sur ce rendez-vous pour remettre de l'ordre dans la maison et redémarrer sur de bonnes bases afin de reconquérir les espaces perdus. Il y a d'abord, a souligné le chargé de communication du RCD, l'élection de la nouvelle direction. Cette dernière définira, ensuite, la stratégie et le plan d'action du parti.
La fraude, l'éternelle hantise
En attendant, le RCD ne jure que par la réalisation de meilleurs résultats lors de la prochaine législative. Objectif : égaler le score obtenu en 1997 (19 sièges à l'APN) sinon plus. Le parti a encore, selon M. Belabes, une aura et des hommes capables de relever le défi. « Le départ de certains cadres n'a pas empêché le RCD d'avoir de bons résultats lors des partielles en Kabylie. De plus, les communes où nous étions majoritaires sont des chefs-lieux de daïras. C'est une nouveauté pour nous. Ces résultats ont été obtenus au moment où le parti a connu la plus dure situation depuis sa création : boycott des médias lourds, exercice de pression sur ses militants de base, harcèlement judiciaire contre ses cadres nationaux qui, pour certains d'entre eux, ont perdu leur emploi pour le simple fait d'appartenir au RCD », a-t-il estimé. Le parti, a-t-il ajouté, n'est pas déserté par les électeurs. Pour preuve : depuis les élections partielles en Kabylie, « l'effectif organique du RCD dans cette région a été multiplié par 12 ». « Cela démontre que nos élus font un très bon travail de proximité. Ils activent sur le terrain pour honorer l'engagement pris auprès des citoyens », a-t-il estimé. Afin de concrétiser ses objectifs électoraux, le RCD compte, selon l'orateur, sur son potentiel humain. Le sérieux, l'honnêteté et l'aptitude sont, a-t-il ajouté, des principes indispensables que doit avoir chaque candidat à une mandature sous la casquette RCD. « Nous ne badinons pas avec cette ligne de conduite. La moralité des cadres est très importante », a-t-il renchéri. Outre cette ligne de conduite, la formation que dirige Saïd Sadi se dit porteuse « d'un véritable projet de société » que ses militants s'échinent à concrétiser avec abnégation et fierté. Mais la hantise du parti demeure, comme durant les échéances électorales précédentes, la fraude. Le RCD, selon son chargé de communication, avait été victime de cette « pratique malsaine » par le passé. « Notre parti a une implantation nationale et il l'a confirmé durant les élections législatives de 1997, même si le pouvoir tente de nous coller l'étiquette d'organisation politique régionale. Le RCD a été délesté de plusieurs sièges de députés en 1997 dans les wilayas d'Oran, de Constantine et de Tiaret », a-t-il rappelé. Pour les prochains rendez-vous, le RCD semble confiant quant à réaliser de meilleurs résultats. Cela reste cependant tributaire, comme le souligne Mohcen Belabes, du degré de la fraude électorale. Cette dernière, estime-t-il encore, est promue « constante nationale ». A cet effet, le président du parti, Saïd Sadi, a renouvelé, récemment, son appel à l'organisation d'une élection législative transparente. « Les élections législatives de mai 2007 sont une des étapes qui peuvent donner au pays des cadres de représentation capables de mobiliser l'extraordinaire potentiel que recèle l'Algérie. Il faut impérativement que ces élections se déroulent dans la transparence et l'honnêteté si on veut arrêter les rituels de fraudes qui ont ruiné le destin d'un peuple dont le pays aurait pu être l'exception démocratique en terre d'Islam », a-t-il déclaré dans un entretien accordé à la revue Politique Internationale d'automne 2006. Saïd Sadi a exhorté également les Occidentaux à ne pas servir, par leur présence lors des scrutins, « à crédibiliser les fraudes électorales ». « J'espère vivement que cette fois-ci, les Occidentaux enverront non pas 10 à 15 observateurs qui ne peuvent rien surveiller et dont la présence ne fait que crédibiliser les fraudes électorales, mais une véritable organisation qui veillera au bon déroulement des élections législatives comme elle a eu à le faire ailleurs », a-t-il enchaîné. En Algérie, a précisé encore le patron du RCD en citant l'exemple de la présidentielle de 2004, il n'y a jamais eu de scrutin transparent. Le problème de transparence des élections, ajoute également Mohcen Belabes, est favorisé par le verrouillage des médias lourds. L'opposition démocratique peine, selon lui, à faire la promotion de ses projets à cause de la fermeture des espaces d'expression d'un côté et le manque de moyens financiers de l'autre. « Les partis de l'opposition démocratique survivent grâce aux contributions de leurs militants. Ils ne bénéficient pas, contrairement aux partis du pouvoir, des privilèges et des moyens de l'Etat pour faire leurs campagnes électorales. Les règles du jeu ne sont pas biaisées », a-t-il expliqué. Comme beaucoup de partis, le RCD propose aujourd'hui, pour atténuer l'ampleur des dysfonctionnements du système électoral algérien, la révision rapide du code de wilaya, du code communal et de la loi électorale. L'autre appréhension du RCD est l'abstention. Le travail accompli par les partis politiques dans la mobilisation des citoyens est, selon ce responsable, détruit par la machine de manipulation du pouvoir. La multiplication des référendums et des scrutins a suscité chez la population, selon lui, un sentiment de lassitude favorisant le boycott des urnes.
Le RCD en Chiffres
Le RCD a participé depuis l'arrêt du processus électoral de 1992 à l'élection législative de 1997 et aux locales de la même année. Les résultats obtenus ne sont pas, de l'avis des observateurs, à la hauteur des ambitions affichées par le parti.
Législatives de juin 1997 : Le RCD a obtenu 442 217 voix (5%), soit 19 sièges à l'APN sur les 380 à pourvoir.
Elections locales (APC) : Le RCD a obtenu 444 sièges sur les 13 123 mis en jeu, soit 3,4%.
Elections régionales (APW) : Le parti n'a pas fait mieux en prenant uniquement 50 sièges sur les 1919 à pourvoir, soit 2,6%.
Après le boycott des législatives et les locales de mai et d'octobre 2002, le RCD a renoué avec la compétition électorale en 2005 en prenant part aux élections locales partielles en Kabylie. Le parti a surpris tout le monde par le score réalisé. Le parti a réussi à s'imposer dans 17 communes avec 38 875 voix, soit 139 sièges. Pour l'APW, le RCD a obtenu 11 sièges.
Le président du parti, Saïd Sadi, a participé pour sa part à deux élections présidentielles, en 1995 (il a obtenu 1 115 796 voix, soit 9,6%), et en 2004 (il a eu uniquement 1,93% des voix).


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