«Le Parlement peut obliger le peuple à obéir ou à se soumettre, mais il ne peut l'obliger à approuver.» (Winston Churchill, discours à la Chambre du 27 septembre 1926). Par humilité et respect pour mes compatriotes vivant au pays, je n'ai osé porter un quelconque commentaire sur la gifle électorale qu'ils ont donné à la classe politique le 17 mai dernier, quoique, nous immigrés dans ces pays d'Europe, avons été, également, conviés à choisir nos députés. Aux Algériens d'Algérie, la «légitimité» et le droit premier de dire haut et fort ce que les urnes ont décrété. Nous avons entendu. Tous. Permettez que nous vous disions ce que, loin du pays, nous entendons et ressentons. Chez le peuple immigré, la déprime et l'inquiétude ont été aussi fortes. Un peu plus de 25% de participation ce 17 mai, alors qu'il manifesta un enthousiasme et une participation record lors de l'élection présidentielle de 1995 (Zeroual) comme celles de 1999 et 2004 (Bouteflika). La synchronisation dans l'engagement politique a été, à chaque fois, d'une parfaite harmonie entre les citoyens du pays et ceux, dit immigrés. Bien sûr, les immigrés ont un meilleur cadre de vie. C'est un fait certain, bien que souvent est cachée l'autre face de la vie de l'immigré, celle de «l'étranger», de surcroît maghrébin et musulman. Tout le confort du monde ne vaut pas la paix intérieure, vécue entre les siens, avec ses odeurs et ses rêves d'enfance. Oui, c'est cet attachement viscéral à l'âme du pays qui fait la synchronisation du même peuple, séparés par les frontières. Le vote du 17 mai, et tous les autres votes l'on démontré aisément. Etrange similitude aussi entre les candidats engagés dans la course au fauteuil de député. Meetings combien colorés et pourtant habillés d'une atmosphère de faux et de...gêne pour les électeurs. Promesses hilarantes et grossières. Songer que, pour la première fois de ma vie, j'ai assisté à un meeting électoral où des jeunes, en plus de continuer leurs palabres, ont sifflé l'hymne national! Devant tant d'indécence, deux jeunes m'ont répondu: «Nous sifflons le candidat qui ose l'hymne national avec tant d'hypocrisie.» Et ce candidat qui me dit droit dans les yeux: «Vous, le journaliste, aidez-moi et je vous aiderais à mon tour lorsque je serais élu.» Ils se reconnaîtront dans ces propos. Un autre candidat, plus conscient de l'importance politique du vote, m'a fait un discours sur l'engagement politique et le combat pour des idéaux démocratiques. Prudent, je lui ai rappelé les «migrations» de militants d'un parti à l'autre, les retournements de veste de ténors de partis, les trahisons, les partis clonés...Et au final, cette réponse du général de Gaulle au général Massu l'assurant de la victoire de l'armée française face aux maquisards et moudjahidine: «Ce sont eux, les Algériens qui auront le dernier mot. Parce qu'ils ont une force que nous n'avons pas, nous Français. Ils ont la conviction de leur combat.» Voilà ce qui manque terriblement à nos députés: la conviction de leur engagement. Trahissant sa vanité par une colère mal contenue, le candidat m'a rétorqué: «Et vous les journalistes, donneurs de leçons, à qui appartenez-vous?» Tout en lui reconnaissant une part de vérité, je lui ai expliqué que les journalistes, dans une très large majorité, ne visent pas des strapontins à l'APN, et qu'il est inutile de comparer, par le bas et par l'imposture, deux missions différentes que sont celle d'un législateur et celle d'un simple journaliste. Au fait, pas si simple que ça. Ecoutez plutôt le philosophe et mathématicien français du XVIIIe siècle, Condorcet, à ce propos. «Toute société qui n'est pas éclairée par les philosophes, est trompée par des charlatans...tous veulent être les favoris du peuple, afin d'en devenir les tyrans» écrivait-il. Sans la prétention de la philosophie, le journaliste demeure, hélas pour vous, Monsieur le candidat, la simple parole qui vous manquera lorsque vous serez élu, malgré votre immunité parlementaire. Et toujours, les colonnes du journal sont ouvertes aux citoyens. Là est la différence entre nous.