Femmes, jeunes, enfants et familles entières ont fêté le quatrième titre dans une ambiance de carnaval. Le football a, encore une fois, montré qu'il est roi. La finale de la Coupe d'Algérie 2007 a mobilisé les Algérois et réussi là où le politique a échoué. Au vu des scènes qui ont émaillé les rues d'Alger au coup du sifflet final de l'arbitre de la rencontre, on ne peut que rester hébété. La victoire du MCA, la quatrième du genre, face au voisin USMA, a fait sortir Alger de sa monotonie quotidienne. De l'immobilisme. De son stress et de sa tristesse. Là où la politique a échoué, le football a magistralement réussi. Mercredi, la veille de cette finale explosive et au moment où le chef du gouvernement tenait un conclave avec les nouveaux députés boudés par le peuple, les supporters sillonnaient les grandes artères de la capitale. L'affiche footballistique avait sa propre campagne. Fanions, emblèmes, habits aux couleurs vert et rouge ou rouge et noir, voitures bariolées et étendards géants collés aux immeubles, ont planté le décor d'une grande fête. Mais il n'y avait pas que des scènes de joie. A Bab El Oued, une rixe entre jeunes supporters a éclaté à minuit passé du côté du jardin Taleb Abderahmane. Bilan: un jeune a été laissé pour mort après avoir reçu plusieurs coups de couteau. Au service des urgences de l'hôpital Maillot du même quartier, les médecins étaient affairés durant tout l'après-midi, à sauver la vie d'un enfant de sept ans écrasé sur l'autoroute par une voiture, après avoir chuté de l'arrière de la voiture conduite par son papa qui défilait de joie sur la route. Aux médecins restés au chevet de son fils, il dira qu'il a répondu aux caprices de son fils qui voulait faire la fête. Une belle excuse et une inconscience criminelle. Jeudi, jour du match.19h, la sentence est déjà tombée. L'USMA n'a pas eu sa revanche. Soustara va subir, pour la quatrième fois, la loi mouloudéenne. 1971, 1973, 2006, 2007 sont les années du MCA. Les Usmistes sont résignés à la loi du club voisin. Hadjadj a réédité, à quelques mètres près, l'exploit de Coulibaly en match de championnat de l'an passé. Son tir a fait mouche et laissé pantois le keeper Zemamouche. Les rues d'Alger sont bondées. L'ambiance du stade 5-Juillet a déboulé tel un torrent sur tout Alger. La Casbah, Bab El Oued, Alger-Centre, Bologhine, Miramar, Zghara, Fontaine-Fraîche, Climat de France, Rampe Valley, Bab Djedid, El Biar, débordent de joie. Un carnaval est né. Le carnaval d'Alger. Il n'a rien à envier à celui de Rio de Janeiro au Brésil. Les images de ces deux couples de jeunes garçons arborant la robe de mariée en bonne et due forme ou ce duo qui s'est maquillé en couple paysan et s'offrant au spectacle en concoctant de courtes scènes de théâtre, surprennent plus d'un. La musique fusent de partout. A la différence de la samba, ici les rythmes sont mouloudéens. A l'entrée de la rue Lulie (Alger-Centre), un espace est aménagé pour inviter les enfants à se défouler et faire la fête sous les sons «chnaoua» et célébrer le mariage sportif MCA-USMA, comme il est écrit sur un panneau accroché à un arbre. Un vrai délire. Une manière de préparer les nouvelles générations. Les mêmes s'en donnent à coeur joie. Même si l'image du petit Yacine trouvé mort au fond d'un puits nous hante encore. Les parents surveillent de près leur progéniture. Les passants qui se faufilent sont vite repérés et mis à l'oeil. Fait nouveau: même la gent féminine a marqué, en force, sa présence. Les places fortes d'Alger sont prises d'assaut. La Grande-Poste où a été planté un écran géant et la place des Martyrs sont le théâtre de scènes de liesse. Une grande partie des Algérois est touchée par la footballmania. Une véritable fête populaire. Avec beaucoup d'excès et d'extravagance. 1h du matin le va-et-vient incessant des voitures n'a pas encore cessé. On se demande alors d'où ces fêtards peuvent bien puiser toute cette énergie. Cette soif de s'extérioriser. Pour parer à d'éventuels dépassements, les autorités ont tenu à informer tout le monde que la fête va s'arrêter le vendredi pour permettre à la capitale de retrouver sa vie normale et d'éviter tout débordement de joie. Les contrevenants auront à s'expliquer avec les services de sécurité.