Au vrai, l'Europe ne rechercherait-elle pas à établir un plan économique pour ses débouchés? L'idée a fait son chemin de bons calculs chez les Européens dès la création de l'Union de leurs pays. On imagine même une excellente coopération non seulement avec l'ensemble des pays émergents, mais significativement aussi, dans un cadre de partenariat, avec les pays de la rive sud de la Méditerranée. L'accord euro-méditerranéen, pour ce qui nous intéresse, proclamerait l'établissement d'une association entre l'Algérie et la Communauté européenne et ses Etats membres. Le tout nouveau président de la République française réaffirme avec force l'avantage de devoir associer, à l'Union européenne, les pays du Bassin méditerranéen. À voir ainsi, l'Algérie, pour plusieurs raisons (historiques, géographiques, culturelles,...), serait tout naturellement concernée par ce projet grandiose s'il en est. En résumé, «Structurellement, les relations entre l'Algérie et l'Union européenne sont bonnes du fait que l'histoire et la géographie ont fait d'eux des voisins qui se partagent un intérêt réciproque à coopérer dans de meilleures conditions.» Cette réflexion, je l'ai empruntée au spécialiste en Droit de l'Economie Internationale et du Développement, Otmane Bekenniche qui a publié une belle étude ayant pour titre La Coopération entre l'Union européenne et l'Algérie(*). Ce travail répond tout autant à l'indispensable clarification de la problématique de l'accord d'association qu'aux raisons surtout «politiques et sécuritaires» qui ont fait prendre «beaucoup de retard pour la mise en place» de la coopération entre l'Union européenne et l'Algérie. Il faut peut-être rappeler qu'en réalité l'accord de coopération remonte à avril 1976, soit à plus de trente ans, et même à 35 ans si l'on considère «l'approche globale méditerranéenne» que l'Union européenne a mise au point en 1972, marquant ainsi la volonté de l'Europe communautaire de se rapprocher de ses voisins du sud de la Méditerranée, ce qui sera concrétisé en 1995 par la Déclaration de Barcelone. Il faut également rappeler qu'au cours des années 80, l'Algérie a, plus ou moins heureusement, initié de nombreux chantiers de réformes économiques, sociales et politiques pour instaurer l'économie de marché, la démocratie et un Etat de droit, par exemple: ouverture des activités au secteur privé national et étranger, démonopolisation du commerce extérieur, libération de la quasi-totalité des prix, fixation du taux de change et des taux d'intérêt,...et toutes sortes de transformations législatives, réglementaires et institutionnelles. Mais l'instauration d'un véritable marché n'est pas encore mesurable. D'autres réformes qui favoriseraient le clair exercice de la concurrence, restent à construire, à structurer et à promouvoir efficacement. Néanmoins, l'accord d'association entre l'Algérie et l'Union européenne, notent les spécialistes, «a été paraphé le 19 décembre 2001, signé le 22 avril 2002 lors du sommet euro-méditerranéen de Valence en Espagne et mis en oeuvre le 1er septembre 2005. Il s'est substitué à l'accord de coopération conclu en 1976». L'ouvrage de Otmane Bekenniche, La Coopération entre l'Union européenne et l'Algérie, constitue, à cet égard, un ensemble d'explications théoriques appliquées au cas de l'Algérie d'aujourd'hui en marche résolue et contrôlée vers l'économie de marché. L'auteur propose, avec pédagogie et sérénité, un constat commenté, tout en analyses critiques, de cette marche qui devrait aboutir au renforcement des meilleures solutions aux problèmes multiples de notre économie en général. (*) LA COOPERATION ENTRE L'UNION EUROPEENNE ET L'ALGERIE de Otmane Bekenniche OPU, Alger, 2006, 286 pages.