La Direction générale des Douanes a dévoilé son «projet de programme de modernisation de l'administration douanière» s'étalant sur la période 2007-2010. Les Douanes algériennes sont-elles en train de faire leur petite révolution? C'est en tout cas l'impression qui se dégage de cette première journée de la Conférence nationale des cadres de douanes qui se déroule à l'hôtel des Officiers de Beni Messous qui a vu le Directeur général déclarer à la presse nationale que «la douane doit irrémédiablement se réformer!» En effet, la Direction générale de ce corps important, a dévoilé son «projet de programme de modernisation de l'administration douanière» s'étalant sur la période 2007-2010. Un projet qui s‘apparente à un vaste chantier gouvernemental du fait qu'il touche à une multitude de domaines, tous en relation avec le développement économique du pays et la sécurité des citoyens. Il s'agit de la seconde réforme du secteur après celle de 1993. A peine une année après son installation à la tête des Douanes, l'ex-directeur général des impôts, M.Mohamed Abdou Bouderbala, a donné un nouveau souffle au secteur. Le projet en question est une réponse aux résultats du diagnostic établi par la nouvelle direction. «L'administration douanière était en déphasage total avec son environnement, d'où la nécessité de ce programme de réformes établi par les services internes suite à un bilan et un diagnostic exhaustif et sans complaisance des activités douanières pour en faire une institution performante», a tenu à faire remarquer le numéro un des Douanes. Un projet, faut-il le signaler, qui touche l'ensemble des paramètres de fonctionnement de cet organisme régulateur et accompagnateur de l'évolution économique du pays et qui a été fait, révèle M Bouderbala, avec «l'appui de l'Organisation mondiale des douanes et du Fonds monétaire international». Un diagnostic qui a touché tous les volets de l'administration des douanes. Les différents dysfonctionnements de la douane algérienne ont été énumérés, allant du simple déficit en uniformes et armes aux procédures administratives lourdes en totale inadéquation avec les réalités de l'économie mondiale et des transactions commerciales internationales. Pour les férus des détails, le directeur d'études chargé de l'organisation et méthodes à la Direction générale révèle que nos douaniers ne portent même pas de gilets pare-balles malgré les dangers que font planer les terroristes et les contrebandiers armés qui sont de loin mieux nantis en moyens matériels. D'autant plus que notre pays s'apprête à adhérer à l'Organisation mondiale du commerce (OMC). Le Code de douane est la cible majeure des réformes puisqu'il représente le guide de fonctionnement de la mécanique douanière. La modernisation des douanes se veut un objectif capital pour l'accompagnement de l'économie nationale dans cette phase de transition et de mutation déterminante de l'avenir du pays. Une coordination avec les autres secteurs est l'une des exigences de la nouvelle approche. Les ressources humaines et la formation ont tenu la part belle de ce projet de programme novateur. Pour indice, nous citerons le plan de recrutement du personnel douanier qui vise à porter le nombre d'agents à 20.000 alors qu'il se situe actuellement à quelque 14.000 agents. Un potentiel qui s'avère très insuffisant pour répondre aux besoins d'encadrement et de contrôle de l'activité économique du pays et de la sauvegarde de sa sécurité et celle des citoyens sur l'ensemble du territoire national. La formation et l'initiation des agents aux nouveaux métiers de la douane sont ainsi considérées comme la priorité du secteur pour rentabiliser au maximum le potentiel des ressources humaines. Mais pour ce faire, le directeur général des Douanes insiste sur le besoin pressant de mettre les moyens en mesure de concrétiser ce programme ambitieux. A titre indicatif, le budget de fonctionnement de l'administration douanière ne dépasse pas les 7,131 milliards alors que les recettes engrangées s'élèvent à plus de 284 milliards par an. Le bilan établi par les services internes de la douane fait aussi état d'un déficit en matière de prise en charge socioprofessionnelle des travailleurs. Un statut particulier est en cours d'élaboration au niveau de la Fonction publique pour sécuriser les éléments de ce corps sensible dans la stabilité du pays et de son économie. Les trois journées des travaux seront l'occasion pour les différents intervenants dans les débats de livrer un diagnostic et un état des lieux de chaque structure de l'administration douanière. Hier, c'était l'occasion au directeur régional du port d'Alger de présenter sa communication, M.Bentahar, qui est en charge du poumon de l'activité des Douanes puisque son secteur est le cadre le plus important en matière de transfert et de circulation des marchandises et des personnes. Cinq cents conteneurs/jour transitent par le port d'Alger qui vient d'être doté d'un appareil de contrôle, scanner très sophistiqué et meilleur que celui utilisé par les Français. Le flux commercial est évalué à 60% de l'ensemble des opérations du commerce extérieur. Mais il faut bien le dire, la gestion actuelle est une véritable catastrophe du fait de l'intervention de plusieurs acteurs sur les lieux. Ce qui limite les performances de la douane. Le même diagnostic est fait partout où la douane intervient. Dans différentes wilayas et plus particulièrement aux frontières terrestres du pays. A ce sujet, il est prévu de nouveaux postes frontaliers pour endiguer le fléau de la contrebande qui fait fureur avec la dotation des unités mobiles d'un parc roulant plus performant et d'armes et munitions en quantité. La menace que suscite la jonction des réseaux terroristes avec ceux de la contrebande, de la drogue et de la mafia financière, exige aux yeux de plusieurs cadres présents, une sérieuse prise en charge. Des hélicoptères et de nouveaux scanners sont notamment prévus dans le chapitre des moyens à mettre à la disposition des douaniers. Et comme l'a si bien noté M.Bouderbala, «la douane est en train de passer du stade de ses missions traditionnelles, à savoir la recouvrement fiscal et le contrôle des personnes et de la marchandise aux frontières, à celui d'une fonction de protection de l'économie nationale». Les défis à relever par la douane sont nombreux, mais les plus importants ont trait à la lutte contre la fraude, la contrefaçon, le trafic de drogue et les fausses déclarations. Une direction de la contrefaçon est en voie de voir le jour. Elle permettra, en coordination avec les opérateurs économiques et propriétaires de marques, de faire face au phénomène.