Ce qui a été jugé à Blida ne serait, en fait, que la face apparente de l'iceberg. La Cour suprême serait en train d'ouvrir, de nouveau, le dossier du Groupe Khalifa. Après avoir finalisé l'instruction qui a concerné plusieurs personnalités et hauts responsables dont des ministres impliqués dans l'affaire, le procès va être relancé. Le premier procès qui s'est tenu à Blida, entre janvier et mars derniers, a touché la caisse principale et a vu 45 prévenus inculpés et mis en prison. Il ne s'agissait que de la première étape de ce procès marathon et historique. Des révélations fracassantes ont été faites par les différents acteurs passés à la barre faisant état de privilèges accordés par Khalifa Bank aux grands déposants issus, notamment d'organismes publics. Une stratégie mise au point pour attirer les fonds qui allaient servir aux différentes transactions et au transfert illicite à l'étranger. Une véritable saignée qui a porté un préjudice au Trésor public, évalué à plus d'un milliard de dollars. Cette fois, il s'agit de malversations et de transactions financières illicites ayant été effectuées après la décision prise par la Banque d'Algérie de suspendre les opérations de commerce extérieur. Le ministre de la Justice, garde des Sceaux, M.Tayeb Belaïz, avait soutenu, au mois de mars dernier, lors de son passage à l'APN, que le dossier n'était pas clos. Le 10 juin dernier, en marge du séminaire international sur la déontologie des magistrats, il est revenu une seconde fois sur le sujet pour informer l'assistance et la presse nationale que la justice suit son cours normal en attendant la tenue du second procès. «une enquête judiciaire est en cours» avait-il annoncé. Il avait, notamment déclaré que l'«étape» de Blida n'est qu'une partie de l'affaire et que l'enquête se poursuit toujours au tribunal de Chéraga autour des transferts illicites d'argent vers l'étranger. Pour ceux qui sont au courant des dessous de l'affaire Khalifa, l'épisode de Blida n'est que la face apparente de l'iceberg. Avant lui, la juge en charge du dossier, Mme Fatiha Brahimi, et le procureur général avaient annoncé, durant et à la fin du procès de Blida, que ce n'était là qu'un épisode du grand procès qui met en cause plusieurs filiales du Groupe Khalifa dont Khalifa Construction, Khalifa Air Ways, Khalifa Rent Car, les machines de dessalement d'eau de mer et bien d'autres transactions ayant trait aux opérations du commerce extérieur et du transfert de fonds. Les observateurs n'ont pas hésité, au cours de la tenue du procès de la Caisse principale, d'attirer l'attention de l'opinion publique sur le fait que le procès, en question, n'avait visé que ce qu'ils considèrent être des «lampistes». Les personnalités de haut rang, dont des ministres, cités durant les débats et appelés à comparaître devant la juge ont eu le statut de témoins. De ce fait, ils n'avaient rien à craindre. La Cour suprême a, par ailleurs, continué à ficeler le dossier en auditionnant les personnalités impliquées qui jouissent du privilège de juridiction. Chaque semaine, des hauts responsables défilent devant les trois magistrats près la Cour suprême.