L'instruction a révélé l'implication, dans cette affaire, de hauts responsables dont des ex-ministres et des directeurs centraux. Le dossier de «l'affaire Khalifa», considéré comme l'un des plus grands à être traité par la justice algérienne de par ses chefs d'inculpation, ses dimensions, ses complexités et ses ramifications, rebondit en force au-devant de l'actualité ces jours-ci. Après avoir été programmé la semaine dernière devant la chambre d'accusation près la cour de Blida, il a été reporté pour la journée d'aujourd'hui suite à la demande des avocats de la défense. Avant cela, il est passé par une longue et patiente phase d'instruction au niveau du tribunal de Chéraga. Ce report d'une semaine est chose courante permettant aux deux parties de procéder aux dernières retouches et d'aiguiser leurs armes en y ajoutant des compléments d'information et de finaliser les mémoires dans une affaire où les mots et les rajouts tant dans la forme que dans le fond ont leur poids et leur place qui peuvent être décisifs et faire basculer le jugement dans l'un comme dans l'autre sens. Si en vérité ce rebondissement était prévisible du fait que l'annonce de la reprise en main du dossier avait été réaffirmée avec détermination à chaque sortie médiatique par le procureur général et le président de la cour de Blida pour le mener à son terme, il intervient par contre dans un contexte politique plus favorable notamment, au plan extérieur. En effet, le principal accusé, Khalifa Abdelmoumène qui fait l'objet d'un mandat d'arrêt international depuis plus de trois années, risque de ne plus être protégé par la justice britannique si les négociations engagées entre les pays aboutissent en matière de justice et spécialement d'extradition. La signature de la convention d'extradition est prévue pour le début du mois prochain. Interrogé à ce sujet, le procureur général a indiqué que pour le moment aucune demande d'extradition à Londres n'a été faite, en ajoutant que chaque chose viendra en son temps. Ceci n'empêchera pas toutefois de juger par contumace Khalifa et demander son extradition par la suite. C'est cela le fait marquant de ce procès qui s'annonce palpitant. Pour les observateurs sur place, il ne fait aucun doute que la chambre d'accusation retiendra les charges formulées par l'instruction en procédant méthodiquement par étape. Celle d'aujourd'hui portera sur le dossier relatif à la caisse principale de Khalifa Bank, incluant le dépôt des fonds des entreprises et des institutions publiques en arrêtant la date du procès si l'accusation se confirme. Le travail accompli par l'instruction qui a auditionné plus de 4000 personnes s'est achevé par l'inculpation de 124 personnes pour motif d'association de malfaiteurs, dilapidation de deniers publics et abus de confiance en vertu de l'article 376 du code pénal, dont quatre seulement ont été mises en détention préventive. Le fait notable est que 40 directeurs généraux d'entreprises publiques ont été inculpés pour avoir renfloué les caisses de Khalifa Bank en décidant du placement de sommes importantes se chiffrant à des centaines de milliards de dinars en contrepartie de privilèges en argent ou en nature tels que les versements d'argent, l'octroi de billets d'avion, les séjours, les véhicules de luxe, les biens immobiliers. L'instruction a également révélé l'implication dans cette affaire, considérée comme l'affaire du siècle en Algérie, de hauts responsables dont des ex-ministres et des directeurs centraux. Toutefois pour ce cas, le dossier d'instruction sera transmis à la Cour suprême qui l'examinera du fait du statut de hauts fonctionnaires. Lors de leur dernière conférence de presse, le procureur général et le président de la cour de Blida avaient annoncé que des informations judiciaires avaient été ouvertes en France dans le cadre de l'enquête du blanchiment d'argent et que des commissions rogatoires avaient été également installées dans plusieurs pays pour recenser les biens de Khalifa. Ainsi donc l'heure de vérité pour juger cette grande affaire arrive et il faudra s'attendre à un grand procès en conséquence pour faire toute la lumière sur ce qui est désormais appelé le procès du siècle.